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Libération
Plafond de verre

Plus grandes sont les entreprises, plus rares sont les femmes à leur tête

Selon l’enquête de Bpifrance, leur rémunération moyenne est également inférieure à celle des hommes quelle que soit la taille de la société.
Les femmes dirigeantes sont 14 % dans les entreprises de moins de 50 salariés, mais seulement 6 % dans celles qui en comptent plus de 250. (peshkov/Getty Images)
publié le 1er décembre 2022 à 14h09

Le chemin vers la parité à la tête des entreprises est encore long. Une étude dévoilée ce jeudi par Bpifrance confirme un plafond de verre tenace et à épaisseur variable. Plus la taille des entreprises augmente, moins les femmes accèdent aux postes de dirigeantes : elles sont 14 % dans les entreprises de moins de 50 salariés, mais seulement 6 % dans celles qui en comptent plus de 250. Pour parvenir à ce constat, la banque publique a enquêté auprès de 417 dirigeantes et 743 dirigeants de PME de plus de dix salariés et d’entreprises de taille intermédiaire (ETI), qui emploient entre 250 et 4 999 personnes.

Selon cette étude, les PME et les ETI ne sont que 12 % à être dirigées par des femmes. Si près de 37 % d’entre elles ont créé elles-mêmes leur entreprise, près d’une sur trois a repris une affaire familiale, contre un dirigeant masculin sur dix. Le chiffre d’un tiers de femmes entrepreneures, souvent cité, comprend, contrairement à l’étude, les très petites entreprises (TPE), qui emploient moins de dix salariés, au sein desquelles la part de femmes dirigeantes est plus élevée.

Double peine

Les femmes entrepreneures subissent en outre une double peine. Selon cette même enquête, leur rémunération moyenne est inférieure à celle des hommes, et ce «quelle que soit la taille de l’entreprise». Un quart d’entre elles gagne moins de 50 000 euros par an, contre 14 % des hommes et 5 % plus de 250 000 euros, contre 11 % des hommes.

A rebours d’autres études, Bpifrance affirme toutefois qu’il est faux de croire que les femmes éprouvent plus de difficultés que les hommes dans l’accès au financement. La différence résiderait, selon leurs résultats, dans leur attitude. Les cheffes d’entreprises «sont un peu plus prudentes que les hommes sur les levées de fonds et le financement de la croissance», a expliqué à l’AFP Elise Tissier, directrice du Lab de Bpifrance qui a réalisé l’enquête.

Parcours «moins linéaire»

Dressant un portrait-robot de ces entrepreneures, la banque publique montre que les dirigeantes ont le même niveau d’études que les dirigeants, c’est-à-dire majoritairement bac+5. En revanche, «elles sont plus fréquemment issues de filières commerciales et de gestion, là où les dirigeants privilégient des filières scientifiques et techniques». Ces dernières sont également plus souvent célibataires ou divorcées que leurs confrères masculins, même si elles sont très majoritairement mariées ou pacsées (79 %).

Le parcours des dirigeantes est, lui, souvent «moins linéaire» que celui de leurs homologues masculins, et elles sont plus jeunes, avec un âge médian de 50 ans contre 54 chez les hommes. Avant de prendre la tête de l’entreprise, les dirigeantes étaient plus souvent des salariées non-cadres dirigeantes (à 46 %) que cadres dirigeantes (à 36 %), tandis que leurs homologues masculins étaient cadres dirigeants à 52 %.