S’il fallait une preuve qu’Emmanuel Macron est depuis le début de son quinquennat bien plus sensible aux états d’âme des électeurs de droite qu’à ceux des électeurs de gauche, il suffirait d’étudier le parcours de la loi bioéthique, dont la mesure phare est la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes. Après moult tergiversations et reports, elle pourrait être adoptée, si tout va bien, d’ici à la fin juillet. C’est ce qu’a promis l’exécutif. Mais que vaut ce genre de promesse quand on se souvient des envolées du candidat Macron en 2017 jugeant «intolérable» la discrimination qui empêche les couples de femmes ou les femmes seules d’avoir accès à la PMA ? Une fois élu, le nouveau président s’est souvenu des déboires de son prédécesseur avec le mariage pour tous, qui avait constitué une vraie avancée sociétale et réjoui les électeurs de gauche mais qui avait bien plombé son début de quinquennat en jetant dans la rue une partie de la droite sous les banderoles de la Manif pour tous. Au lieu de prendre le risque de braquer une nouvelle fois cet électorat avec le projet de loi bioéthique, Emmanuel Macron a donc préféré accélérer sur la réforme des retraites, jetant cette fois les électeurs de gauche dans la rue. Puis ce furent les gilets jaunes, le Covid-19 et la promesse de campagne est tombée dans un trou noir. D’autant que, contrairement au mariage pour tous qui était porté par une figure forte du quinquennat Hollande, Christiane Taubira, la PMA pour toutes n’est pas vraiment défendue au sein du gouvernement. Elle aurait pourtant pu l’être par Marlène Schiappa lorsqu’elle était chargée de la lutte contre les discriminations. L’été est désormais le dernier horizon possible pour ce projet de loi. Quand la campagne présidentielle va rentrer dans le dur, en septembre, Emmanuel Macron ne prendra pas le risque de s’aliéner une partie de l’électorat de droite. Et c’est ainsi que, pour des raisons électoralistes, des femmes voient le temps passer et, avec lui, leurs derniers espoirs de pouvoir concevoir un enfant.
Editorial
PMA pour toutes : calendrier politique contre horloge biologique
Léon, 8 mois, est né d’une PMA en Angleterre qui a coûté 15 000 euros. (Lucile Boiron/Libération )
publié le 26 avril 2021 à 20h27
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