Elles partagent une pause cigarette devant l’une des plages de Corbières, tout au nord de Marseille, après l’Estaque. Arborant chacune, sans se connaître, un maillot deux-pièces rose fuchsia. Une couleur estivale qui n’a pas échappé, l’autre jour, au regard d’un «monsieur» qui a lancé : «C’est beau le rose !» «J’étais aux Catalans, j’allais juste prendre une douche, raconte Farrah, animatrice périscolaire. Il n’a pas besoin de faire la réflexion. Je ne regarde pas sa tête, pas son short. Je suis maman célibataire, j’aime bien être sur la plage, tranquille, juge la trentenaire. Je ne suis pas là pour trouver l’homme de ma vie !» Alors quand Mélissa, médiatrice pour la ville de Marseille, lui tend une carte où figure le QR code de l’application gratuite Safer Plage, elle prend sans sourciller.
«Vous recevez les notifications ?» interroge l’autre estivante, heureuse d’entendre que c’est justement le principe de ce dispositif déployé durant l’été : intervenir dès qu’une alerte de violence sexiste ou sexuelle est lancée via l’application. Pour demander de l’aide, la victime ou le témoin doit cliquer sur l’une des trois situations répertoriées : «Je suis gêné.e», «Je suis harcelé.e», ou «Je suis en danger». La géolocalisation permet ensuite aux médiateurs d’aller à la rencontre de la victime. «C’est bien, je vais en parler, dit-elle. Des réflexions sexistes, j’en ramasse tout le temps.» Farrah vide aussi son sac : «Les “tu