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Reportage

Prévention contre les violences sexistes : sur les plages de Marseille, «l’idée est de déplacer la honte sur le harceleur»

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Après une première expérimentation réussie durant l’été 2022, la mairie et les associations féministes reconduisent le dispositif Safer Plage, qui repose sur des binômes de médiateurs mobiles et une application permettant de signaler les agressions sexistes.
Cet été, le dispositif Safer Plage, destiné à lutter contre le harcèlement, les outrages et les agressions sexistes, est déployé sur quatre plages de Marseille. Ici au Prado, en août 2022. (Leonor Lumineau/Hans Lucas pour Libération)
publié le 3 août 2023 à 17h47

Elles partagent une pause cigarette devant l’une des plages de Corbières, tout au nord de Marseille, après l’Estaque. Arborant chacune, sans se connaître, un maillot deux-pièces rose fuchsia. Une couleur estivale qui n’a pas échappé, l’autre jour, au regard d’un «monsieur» qui a lancé : «C’est beau le rose !» «J’étais aux Catalans, j’allais juste prendre une douche, raconte Farrah, animatrice périscolaire. Il n’a pas besoin de faire la réflexion. Je ne regarde pas sa tête, pas son short. Je suis maman célibataire, j’aime bien être sur la plage, tranquille, juge la trentenaire. Je ne suis pas là pour trouver l’homme de ma vie !» Alors quand Mélissa, médiatrice pour la ville de Marseille, lui tend une carte où figure le QR code de l’application gratuite Safer Plage, elle prend sans sourciller.

«Vous recevez les notifications ?» interroge l’autre estivante, heureuse d’entendre que c’est justement le principe de ce dispositif déployé durant l’été : intervenir dès qu’une alerte de violence sexiste ou sexuelle est lancée via l’application. Pour demander de l’aide, la victime ou le témoin doit cliquer sur l’une des trois situations répertoriées : «Je suis gêné.e», «Je suis harcelé.e», ou «Je suis en danger». La géolocalisation permet ensuite aux médiateurs d’aller à la rencontre de la victime. «C’est bien, je vais en parler, dit-elle. Des réflexions sexistes, j’en ramasse tout le temps.» Farrah vide aussi son sac : «Les “tu