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Justice

Procès des viols de Mazan : la peine maximale de 20 ans requise contre Dominique Pelicot

Procès des viols de Mazandossier
Le ministère public a réclamé ce lundi 25 novembre la peine de vingt ans de réclusion criminelle à l’encontre de Dominique Pelicot accusé d’avoir violé et livré au viol de 50 hommes son épouse, sédatée, pendant dix ans.
Le procureur de la République Jean-François Mayet à l'ouverture du procès des viols de Mazan, à Avignon, le 2 septembre 2024. (Christophe Simon/AFP)
publié le 25 novembre 2024 à 10h44

Le procès des viols de Mazan entre dans sa dernière ligne droite avec les réquisitions. Ce lundi 25 novembre, le ministère public a réclamé la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Dominique Pelicot, accusé d’avoir violé et livré au viol de 50 hommes son épouse, sédatée, pendant dix ans. «Vingt ans, c’est à la fois beaucoup, car c’est vingt ans d’une vie, quel que soit son âge. Mais c’est aussi trop peu au regard de la gravité des faits qui ont été commis et répétés», a souligné la vice-procureure Laure Chabaud, en demandant «qu’à la fin de sa peine, [l’accusé] fasse l’objet d’un réexamen en vue d’une éventuelle mesure de rétention».

«Il est abattu, il n’est jamais très simple pour un homme d’entendre qu’une peine de vingt ans est requise à son encontre», a assuré son avocate, Me Béatrice Zavarro, lors d’une suspension d’audience lundi.

Le ministère public ne retient pas les accusations de la fille du couple

Concernant Caroline, la fille du couple Pelicot, persuadée d’avoir elle aussi été victime de viol ou d’agression sexuelle de la part de celui qu’elle n’appelle plus que son «géniteur», Laure Chabaud a par contre estimé que si «la justice n’a pas pour objectif de laisser une victime sur le bord du chemin», aucun élément n’a été trouvé permettant à ces «souffrances de trouver une traduction juridique».

«L’enjeu […] est de changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes», avait affirmé le ministère public en commençant son réquisitoire. «Ce procès vient bousculer notre société dans notre rapport à l’autre, dans les rapports les plus intimes entre êtres humains. A faire comprendre nos besoins, nos émotions, nos désirs et surtout à prendre en compte ceux de l’autre», a déclaré le procureur de la République, Jean-François Mayet, le premier des deux représentants de l’accusation à s’exprimer.

Il a estimé que l’enjeu de ce procès, «aux faits d’une gravité inimaginable» qui «bousculent notre société», n’était «pas une condamnation ou un acquittement», prévenant que les réquisitions «seront prises dans la nécessaire individualisation de la peine» des 51 accusés, ces hommes entre 26 et 74 ans qui pour la plupart sont poursuivis pour viols aggravés. «Les faits et la personnalité de chaque accusé ont été pris en compte jusque dans nos réquisitions», a-t-il ajouté, tout en précisant que «la justice a besoin de calme et de débats apaisés. Ce procès hors norme entraîne des réquisitions hors norme».

«Vous avez eu raison madame»

Jean-François Mayet a déclaré que le cœur de ce procès était celui «de la domination masculine sur les femmes», un sujet «loin d’être inconnu de tous». Il a ainsi fait un parallèle avec celui des viols d’Aix-en-Provence de 1978, où l’avocate Gisèle Halimi avait fait reconnaître le viol comme un crime.

Il a également salué le «courage» et la «dignité» de Gisèle Pelicot, victime principale de ces quelque 200 viols répétés, dont la moitié attribuée à son ex-mari, lui donnant crédit d’avoir décidé de lever le huis clos des audiences et permettant de diffuser une partie des quelque 20 000 photos et vidéos prises à son insu par Dominique Pelicot. «Vous avez eu raison madame : les semaines écoulées ont montré l’importance de ces diffusions, pour que la honte change de camp», a-t-il lancé, reprenant l’argument avancé à plusieurs reprises par Gisèle Pelicot.

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