La violence s’ancre dans le doute, s’enracine dans les «peut-être». Dans le cas de Gisèle P., l’incertitude prend la forme de près de dix ans de fatigue, de pertes de mémoire et de douleurs gynécologiques inexpliquées. Entre 2011 et 2020, droguée au Temesta et parfois au Zolpidem - des anxiolytiques de la famille des benzodiazépines - par son mari Dominique P., elle a été violée par des dizaines d’hommes recrutés en ligne. 51 accusés seront jugés pour ces faits devant la cour criminelle départementale du Vaucluse, du lundi 2 septembre au 20 décembre.
A lire aussi
Pendant cette décennie, Gisèle P. consulte plusieurs médecins, alertée, comme ses proches, par ses absences répétées. Un scanner cérébral ne montre aucune anomalie, tandis qu’une échographie révèle une «grosse inflammation du col de l’utérus» inexplicable. Dix ans d’errance médicale durant lesquels aucun médecin n’identifie une soumission chimique. Ce mode opératoire visant à administrer, à l’insu ou de force, une substance psychoactive à une personne à des fins criminelles ou délictuelles (des violences sexuelles dans la majorité des cas) reste encore méconnu des soignants. «La soumission chimique et plus largement les violences, ce n’est pas ce à quoi on va penser en premier», reconnaît Emeline Pasdeloup, médecin généraliste à Gien (Loiret) et c