Parfois, le remède est pire que le mal. Engagé dans une bataille pour démentir la rumeur, venue de la complosphère française et propagée aux Etats-Unis par des trumpistes forcenés, selon laquelle la première dame serait une femme transgenre, le couple Macron continue de surenchérir pour «défendre son honneur». Interrogé dans le podcast Fame Under Fire de la BBC, Tom Clare, l’avocat des Macron dans leur procès contre la podcasteuse complotiste Candace Owens, a promis de fournir au tribunal des «preuves photographiques et scientifiques» pour mettre fin aux suspicions de transidentité. En l’occurrence, «des témoignages d’experts qui seront de nature scientifique» et «des photographies de Brigitte enceinte et élevant ses enfants». Bref, un processus «incroyablement bouleversant» auquel Brigitte Macron devra se soumettre «de manière extrêmement publique», ce qu’elle est «résolue à faire pour remettre les choses au clair».
Si l’on peut comprendre l’angoisse du couple présidentiel face à la diffusion incontrôlée de fausses informations à son sujet, cette réponse, ce besoin d’absolument «prouver» que Brigitte Macron n’est pas née homme, n’est pas la bonne stratégie. Déjà parce que rares sont les complotistes qui entendent raison quand on leur présente des preuves – c’est la nature même du complotisme qui veut ça. Et ensuite parce qu’être transgenre n’est ni une insulte ni une honte, contrairement à ce que cet acharnement suggère.
«Perpétuer la stigmatisation des personnes transgenres»
D’ailleurs, la procédure judiciaire intentée en France par le couple envers Natacha Rey et Amandine Roy, qui ont popularisé la rumeur, a été perdue précisément pour cette raison : les deux femmes ont été relaxées car la cour d’appel a jugé que leurs propos, tout faux qu’ils étaient, n’étaient pas diffamatoires puisque «l’imputation d’avoir effectué une transition de genre et de ne pas avoir voulu la rendre publique ne saurait caractériser une atteinte à l’honneur ou à la considération de la partie civile».
«En voulant laver son honneur, elle contribue, peut-être sans le vouloir, à conforter l’idée que cette rumeur est insultante par essence, et donc à perpétuer la stigmatisation des personnes transgenres», écrivait en juillet dans une tribune pour Libération le fondateur de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, Louis-Georges Tin.
Ciblée elle aussi depuis le début de sa carrière par des rumeurs selon lesquelles elle serait trans ou intersexe, Lady Gaga avait répondu en 2011 à un interviewer qui lui demandait si elle avait «des organes génitaux masculins» : «Peut-être que oui. Est-ce que ça serait si terrible ? Vous pensez que je vais perdre mon temps et donner une conférence de presse sur si oui ou non j’ai un pénis ? Mes fans s’en fichent et moi aussi.» Le couple Macron devrait peut-être s’en inspirer.