Dans le flot de ses paroles, le portable de Sarah Lebailly, posé sur un coin de table, clignote. Les textos s’enchaînent presque aussi rapidement que les mots sortent de sa bouche. Le smartphone vibre. Clignote à nouveau. Telle une fanfare savamment orchestrée. «Help, est-ce que l’une d’entre vous pourrait me dépanner avec une chaise haute ?» ; «Allez lire cet article sur les inégalités de genre» ; «Mon ex-conjoint veut voir mon fils ce soir, je fais quoi ?»
Les messages affluent. Ce sont ceux de «ses sœurs de lutte», comme Sarah appelle les autres femmes qui ont rejoint La Collective des mères isolées, une association créée en mars 2020, pour se fédérer. Toutes discutent quotidiennement sur un fil WhatsApp. On y parle des tracas du quotidien et des factures indigestes. On y troque des vêtements, partage des articles, échafaude une manif ou un apéro. «C’est un réseau d’entraide», annonce la présidente Sarah Lebailly, vernis rose vif aux ongles. Le 6 novembre, elles avaient rencontré le député (LFI) de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière pour lui poser une question : à quand un statut pour les mères isolées ? Et samedi, elles étaient une bonne dizaine à arpenter les rues de Paris