Christèle Lagier, maîtresse de conférences de science politique à l’université d’Avignon, travaille depuis les années 2000 sur les électrices du Front national, puis du Rassemblement national. Pour Libération, elle revient sur la fin de la différence genrée dans le vote pour le RN et sur le fond du programme du parti sur les droits des femmes.
Comment expliquer que les femmes votent désormais dans les mêmes proportions que les hommes pour le RN ?
Cette égalisation progressive s’est amorcée dès 2012. Aux dernières élections présidentielles, les femmes ont autant voté RN que les hommes. Le genre n’est pas la seule variable, l’appartenance sociale explique davantage cette préférence électorale. Le discours de Marine Le Pen peut avoir une audience auprès des femmes en situation de difficulté économique ; pas celles qui sont dans la plus grande précarité, mais celles qui travaillent, qui ont le sentiment de ne pas s’en sortir, et qui se trouvent dans des groupes dans lesquels la préférence RN est banalisée. La stratégie de dédiabolisation du parti a été légitimée par des couvertures médiatiques qui l’ont actée, en