Un procès en diffamation à Paris a été ordonné contre Roman Polanski à la suite d’une plainte de l’actrice Charlotte Lewis visant des propos où le cinéaste mettait en doute la véracité des abus sexuels dont elle l’accuse, a appris l’AFP mercredi 14 septembre de source proche du dossier. En cause, un entretien du cinéaste accordé à Paris Match en 2019 où il se défend des accusations d’abus sexuels contre Charlotte Lewis en les qualifiant de mensonges. Polanski, 89 ans et jamais jugé jusque-là en France dans un dossier relatif à des accusations d’abus sexuels, a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris par une ordonnance du 30 août, à une date jusqu’à présent non fixée.
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Le fond des accusations sera examiné à l’audience. Sollicités, les avocats de Roman Polanski, Hervé Temime et Delphine Meillet, n’ont pas souhaité commenter et «réservent leurs explications pour le tribunal». La seconde a ajouté qu’elle «ne savait pas si Roman Polanski entendait comparaître» ou serait représenté à l’audience.
La directrice de publication de Paris Match, qui avait publié l’entretien en cause, sera également jugée dans ce dossier. Dans un long entretien publié par l’hebdomadaire en décembre 2019, le cinéaste déclarait notamment : «Voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur c’est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ses contradictions.»
Accusations de viol
«C’est bientôt le temps de l’audience. Nous l’attendons avec envie et sérénité», s’est félicité mercredi Benjamin Chouai, avocat de l’actrice britannique avec Fabrice Epstein. Il avait déposé plainte avec constitution de partie civile en mars 2020. Charlotte Lewis, née en 1967, avait tourné dans le film Pirates, réalisé par Roman Polanski en 1986. En 2010, elle avait affirmé avoir été «abusée sexuellement» par le cinéaste, dans son appartement parisien au début des années 1980, alors qu’elle avait 16 ans.
Mais Roman Polanski, visé par d’autres accusations de viol, avait souligné dans son entretien à Paris Match des «contradictions» avec ses propos de 2010 et un «odieux mensonge» de la part de Charlotte Lewis, en mentionnant un entretien qu’elle avait accordé en 1999 au tabloïd britannique News of the World. Le cinéaste soulignait la phrase suivante attribuée à l’actrice en 1999 : «Je savais que Roman avait fait quelque chose de mal aux Etats-Unis, mais je voulais être sa maîtresse […]. Je le désirais probablement plus que lui ne le voulait.» L’actrice a toutefois contesté dès 2010 la véracité de ces propos passés. «Nombre des citations qui me sont attribuées dans l’article de News of the World ne sont pas exactes», avait-elle dit.