Quatre fois, Nathalie Debaillie était venue au commissariat de Lille. Quatre fois, l’employée de banque et mère de deux enfants avait raconté aux policiers le harcèlement, le hacking, les menaces de mort. Quatre fois, en vain, jusqu’au jour de son assassinat par son ex-conjoint, le 27 mai 2019. Ce mercredi, l’Etat, assigné pour défaut de protection par les proches de la victime, devait répondre de ses responsabilités au cours d’un procès civil au tribunal judiciaire de Paris.
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Mais les excuses que la famille Debaillie attendait ne sont pas venues. Un «regret», c’est tout. L’avocate qui représentait l’Etat a reconnu une «faute», celle du «traitement réservé aux alertes répétées de Nathalie Debaillie» et de «l’inaction des services de police qui auraient dû agir». Car il s’agissait bien d’un «dossier parfait», comme le définit Isabelle Steyer, avocate de la famille. La victime s’était rendue au commissariat, avait alerté plusieurs fois les policiers de l’enfer que lui faisait vivre son ex-conjoint. «Dès la première main courante, le danger était imminent et immédiat», a souligné l’avocate.
«Silence assourdissant»
Le commissariat de Lille connaissait Jérôme Tonneau, sous contrôle judiciaire pour des faits d’escroquerie qui lui avaient valu un an de prison ferme. Plusieurs de ses ex-compagnes ont subi cette violence, avec «les mêmes récits, les mêmes formes de harcèlement», rappelle Isabelle Steyer. En 2015, l’une d’entre elles avait porté plainte pour tent