Quolibets, intimidations, insultes sexistes dérivant vers la violence physique, ballons frappés vers le corps des joueuses. La scène se déroule un soir de février, durant l’heure décrochée par un collectif de footballeuses pour jouer une fois par semaine dans un stade public du XIXe arrondissement de Paris. Voilà des mois que les joueuses négocient leur droit à occuper l’espace, perdent du temps de jeu, s’épuisent face à des hommes hostiles à leur présence. Ce soir-là marque un tournant : «on nous a ramenées violemment à notre statut de femmes, indésirables sur un stade de foot», soupire l’une d’entre elles. Depuis, le service des sports de la mairie du XIXe arrondissement assure avoir déposé une plainte contre X, et les employés présents ont opéré un travail de médiation avec les hommes habitués à occuper le terrain. L’heure du mardi soir est sacralisée, les joueuses soulagées.
L’histoire est tristement banale. Les équipements sportifs en libre accès comme les city stades, les terrains de baskets ou les skateparks sont occupés entre 85 % et 99 % par des hommes. Les investir, pour les femmes, expose à la brimade voire à la violence, en tout cas toujours à entrer par effraction dans «des lieux dédiés à la construction collective de la virilité», appuie le géographe spécialiste de la division spatiale par le genre, Yves Raibaud. Alors que, selon le chercheur,