«Bien sûr que l’IVG est menacée !!!» Alors que se poursuit, à l’Assemblée nationale, la marche vers une éventuelle inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, la comédienne Sophie Marceau a sorti la sulfateuse pour protester contre la prise de position de Gérard Larcher sur le sujet. Pour l’influent et conservateur président LR du Sénat, il n’y a pas lieu de constitutionnaliser le droit à l’IVG puisque celui-ci «n’est pas menacé dans notre pays». «S’il était menacé, croyez-moi, je me battrais pour qu’il soit maintenu. Mais je pense que la Constitution n’est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux», a-t-il insisté au micro de France Info.
Tribune
«Vous n’avez que faire du sort des femmes en vérité», lui a répondu, ce mercredi 24 janvier, Sophie Marceau via un post Instagram. Sans jamais nommer directement le sénateur des Yvelines, l’actrice qu’on a récemment vue dans Tout s’est bien passé de François Ozon et lue avec son deuxième livre, la Souterraine, embraye : «Vous représentez le patriarcat dans toute sa splendeur : suffisant, rétrograde et hypocrite. Vous faites honte à notre société française.» Et conclut : «Tant qu’il y aura des hommes comme vous, nous serons toutes en danger.»
Les forces politiques se succèdent, ce même jour, à la tribune de l’Assemblée nationale, lors d’un débat organisé en vue d’un futur Congrès du Parlement prévu début mars. La grande majorité soutient ce texte du gouvernement, qui vise à prévenir des remises en cause de l’IVG, comme c’est le cas dans plusieurs Etats américains. L’inscription de l’IVG dans la Constitution sera défendue par plusieurs ministres dont le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. Mais elle pourrait être entravée au Sénat par les réticences de la droite.
«Vraies menaces sur l’accès à l’avortement»
Au-delà de Sophie Marceau, la sortie de Gérard Larcher a provoqué l’ire des milieux féministes. «Je ne vois pas pourquoi […] en France l’avortement ne serait pas attaqué si l’extrême droite arrivait au pouvoir», a estimé ce mercredi Sarah Durocher, présidente du Planning familial. Interrogée sur RTL, elle souligne qu’il existe déjà, «aujourd’hui, des vraies menaces sur l’accès à l’avortement», et appelle à ne «pas sous-estimer les mouvements antichoix qui font du lobbying pour que les médecins ne pratiquent pas l’avortement». «La Constitution a toujours été là pour protéger les libertés. Ce qui dérange Larcher, ce n’est pas la Constitution, ce sont les libertés des femmes de choisir par et pour elles-mêmes, tacle dans le même temps Anne-Cécile Mailfert, présidente et cofondatrice de la Fondation des femmes. Il est le visage d’une minorité réactionnaire qui menace les droits de toutes, au mépris de l’opinion de tous.»
Portrait
La journaliste et autrice Salomé Saqué a elle aussi fait part de sa colère sur le réseau social X : «Réarmement démographique, refus d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution… Ces hommes qui se prononcent sur des politiques impliquant le corps des femmes comme si cela les concernait, c’est une constante dans l’histoire.»