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Violences conjugales

«Suicides forcés» : la justice à l’épreuve

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Depuis juillet 2020, les suicides et tentatives de suicide constituent deux circonstances aggravantes du délit de harcèlement moral sur conjoint ou ex. Mais la justice et les forces de l’ordre, peu informées, se heurtent à des infractions complexes à caractériser.
Le 5 août à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 2 novembre 2022 à 20h56

«On n’a rien à gagner. Odile est décédée, elle ne reviendra pas.» Fadila Nasri ne souhaite qu’une chose, «que justice soit rendue». Cette Montpelliéraine de 54 ans a déposé en 2021 l’une des premières plaintes pour «suicide forcé» après que sa sœur Odile, âgée de 50 ans, a mis fin à ses jours le 1er janvier 2021 sur une plage de Toulon. L’aboutissement tragique de dix ans de violences psychologiques infligées par son mari, rencontré sur un site de rencontres chrétien. Contrôle de ses relations, de ses ressources, isolement, humiliation, dénigrement… Fadila Nasri décrit une femme détruite. «Il était son gourou et elle son adepte.» Dans le sillage du Grenelle contre les violences conjugales, un nouvel article du code pénal a ajouté en juillet 2020 deux circonstances aggravantes au délit de harcèlement moral sur conjoint ou ex : lorsque ces violences psychologiques ont conduit la victime – majoritairement des femmes – à se suicider ou à tenter de se suicider, la peine est désormais de dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.

«On a de la chance, dans le dos