Menu
Libération
Enquête

«Un patient a commencé à m’expliquer qu’il fantasmait sur moi» : les sexologues victimes de violences sexistes et sexuelles

Article réservé aux abonnés
Violences sexuellesdossier
Demandes de services sexuels, masturbation au téléphone ou dans le cabinet, harcèlement… Dans une profession majoritairement féminine, des praticiennes, amenées à accompagner des personnes ayant des troubles liés à la sexualité ou ayant parfois subi des violences sexuelles, témoignent des agressions et du harcèlement dont elles sont victimes au quotidien.
Lilith Marceau, qui exerce depuis bientôt un an à Valence, ressent «un sentiment de danger». (Juliette Treillet)
par Marlène Thomas Decreusefond et photos Juliette Trillet et Laura Stevens. Modds
publié le 12 mars 2025 à 8h05

Elles usent souvent de périphrases, comme un paravent à la réalité des violences. «Comportements malveillants», «inappropriés»… Pauline (1), sexologue clinicienne de 30 ans, préfère, elle, ne pas qualifier. Et développe plutôt un ressenti, partagé par ses neuf autres consœurs interrogées par Libération : «Je me suis sentie utilisée.» Marine Foret, 30 ans, se souvient de ses premières prises de contact en tant que sexologue clinicienne (c’est-à-dire non issue du milieu médical ou paramédical), à Angers. «J’ai reçu un SMS d’un homme me demandant s’il pouvait se masturber sur moi. C’était mon premier contact, il y a deux ans. Le deuxième était quasi similaire. Je me suis dit, “si j’ai ça tout le temps, ça ne va pas être possible.” Je tombais un peu des nues.» Ces praticiennes subissent de plein fouet la misogynie, décuplée par leur expertise sur la sexualité et par l’absence de reconnaissance de leur profession en France.

Si les sexologues, amenées à traiter divers troubles liés à la sexualité, accompagnent parfois des personnes ayant subi des violences sexistes et sexuelles, leur statut de victimes est encore un impensé. Une enquête menée par Swan Bargue, se