Elles usent souvent de périphrases, comme un paravent à la réalité des violences. «Comportements malveillants», «inappropriés»… Pauline (1), sexologue clinicienne de 30 ans, préfère, elle, ne pas qualifier. Et développe plutôt un ressenti, partagé par ses neuf autres consœurs interrogées par Libération : «Je me suis sentie utilisée.» Marine Foret, 30 ans, se souvient de ses premières prises de contact en tant que sexologue clinicienne (c’est-à-dire non issue du milieu médical ou paramédical), à Angers. «J’ai reçu un SMS d’un homme me demandant s’il pouvait se masturber sur moi. C’était mon premier contact, il y a deux ans. Le deuxième était quasi similaire. Je me suis dit, “si j’ai ça tout le temps, ça ne va pas être possible.” Je tombais un peu des nues.» Ces praticiennes subissent de plein fouet la misogynie, décuplée par leur expertise sur la sexualité et par l’absence de reconnaissance de leur profession en France.
Si les sexologues, amenées à traiter divers troubles liés à la sexualité, accompagnent parfois des personnes ayant subi des violences sexistes et sexuelles, leur statut de victimes est encore un impensé. Une enquête menée par Swan Bargue, se