Menu
Libération
Témoignage

Violences conjugales chez les jeunes : «On ne nous apprend pas le consentement»

Article réservé aux abonnés
Violences conjugalesdossier
A l’adolescence, Alicia a vécu deux relations violentes et regrette le manque de prévention et de sensibilisation sur le sujet, notamment dans les collèges et lycées.
Paris, 2 avril 2021. Reportage dans l'association En avant toute(s). (Marie Rouge/Libération)
par Elsa Maudet et et photo Marie Rouge
publié le 22 mai 2021 à 7h13

Alicia (1) gamberge : «Si on avait fait de la prévention dans mon établissement, je n’en serais peut-être pas là.» Du haut de ses 20 ans et deux relations sentimentales violentes, elle prend du recul, décortique, analyse ce qui lui est arrivé. A 16 ans, d’abord : un garçon avec qui elle se met en couple trop vite, car mise sous pression par l’intéressé et l’amie qui les a présentés. «J’ai cédé», dit la jeune femme à la queue-de-cheval blonde et aux fins traits d’eye-liner au coin des yeux. Lui a trois ans de plus, davantage d’assurance. De quoi prendre l’ascendant psychologique sur l’ado «très renfermée» qu’elle est alors, lui dire que lui sait et pas elle. Alicia n’a pas beaucoup d’expérience amoureuse, alors, face à cette relation toxique, «ce n’est pas comme quand on est adulte et qu’on a eu le temps d’intérioriser ce que c’est d’être avec quelqu’un. C’est quelque chose de nouveau», juge-t-elle. Grâce à un «petit jeu de manipulation», son compagnon d’alors l’isole. «J’ai perdu pas mal de potes à cette époque», confie-t-elle.

«Je me suis sentie sortir de mon corps»

Et puis, «il y a eu des viols conjugaux répétés». Ces rapports sexuels dont il savait pertinemment que lui seul les désirait. «Après, dans d’autres relations, on a peur de direnon”. On a l’impression que notre “non” ne veut plus rien dire», observe Alicia. Elle se remémore cette fois où, lors d’un rapport consenti, il lui a mis des fessées sans prévenir. En soi, la pratique ne rebute pas