Ce matin d’octobre 2019, Sandra est prête. Dix ans après les faits, elle va porter plainte pour agression sexuelle. Devant le commissariat du Mans, l’angoisse monte. «Je tremblais, explique-t-elle. C’est une démarche compliquée. J’avais peur de devoir parler devant tout le monde, de répéter mon histoire.» A l’entrée, à travers l’interphone, un policier l’invite à consulter le tableau d’accueil-confidentialité (Tac), un dispositif instauré fin 2019. Le but : diriger les victimes d’infraction jusqu’à leur déposition dans un bureau. Sur le panneau, deux couleurs, deux options. Orange pour les personnes qui, comme Sandra, nécessitent une confidentialité renforcée (violences conjugales, sexuelles ou familiales). Bleu pour toutes les autres (agression sur la voie publique, vol, dégradation, escroquerie, etc.) La quadragénaire entre sans avoir eu à s’exprimer. A l’intérieur, une guichetière lui demande de pointer sa couleur sur une affichette, à l’abri des regards. «Ça a été un grand soulagement», assure la Mancelle. A peine le temps de s’asseoir au milieu des autres requérants qu’une policière l’invite à la suivre. «Je n’ai pas eu le temps de trop réfléchir, de douter. C’était la première fois que je disais publiquement ce qui m’était arrivé. Et je n’ai eu à le faire qu’une seule fois, insiste-t-elle. Sans ça, j’aurais sans doute rebroussé chemin.»
Reportage
Violences conjugales : dans un commissariat du Mans, des couleurs pour orienter les victimes
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Au Mans, le 25 février. En 2019, le nombre de procédures de police liées à des violences conjugales a augmenté de 33% dans la Sarthe. (Martin Colombet/Libération)
publié le 5 mars 2021 à 0h02
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