«C’était mon rêve de travailler à Paris, dans la mode, de vivre de mon art», confie Stephanie Liporacci, en regardant par la fenêtre de son petit studio parisien. Un mannequin habillé de tissus fluo trône dans la pièce aux murs parsemés de tableaux dans les mêmes tons. Après avoir rencontré son ex-conjoint lors d’un voyage il y a deux ans, la trentenaire, qui a grandi au Brésil, décide de tout quitter pour le rejoindre dans la capitale française. Rapidement, le rêve vire au cauchemar. «Il a commencé par m’étrangler, puis c’est devenu de plus en plus violent.» Il y a tout juste un an, alors que sa fille vient de fêter son premier anniversaire, la jeune femme se rend au commissariat pour porter plainte. C’est la douche froide : «On m’a traitée comme une personne immigrée et opportuniste plutôt que comme une victime de violences.»
A l’époque, Stephanie Liporacci ne parle pas français. L’officier la coupe sans cesse quand elle tente de s’exprimer. «Il me disait qu’il ne comprenait rien, qu’il ne pouvait pas m’aider. Je le suppliais de pouvoir au moins écrire ce que je voulais dénoncer mais il a refusé.» Ce jour-là, elle ne pourra pas porter plainte. Une expérience «traumatisante» qui a failli la dissuader de franchir à nouveau les portes d’un commissariat – elle a déposé plusieurs plaintes depuis. «Dans Paris, on voit beaucoup d’annonces incitant les femmes à dénoncer les violences mais la réalité est tout autre», lâche la jeune femme. St