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«Suicides forcés» après des violences conjugales : «Je vais me tuer à cause de lui»

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Elles sont plus de 200 femmes à se donner la mort chaque année en France après avoir subi des violences psychologiques de la part de leur conjoint ou de leur ex. Malgré une reconnaissance législative des «suicides forcés», ces récits peinent à être entendus. «Libération» redonne un nom et une histoire à trois femmes victimes.
Collage de Julia en mémoire de Karel, à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 2 novembre 2022 à 19h48

Les mots s’égrènent sur les briques rouges. «Suicide forcé», «violence physique», «dévalorisation», «humiliation». Cinq lettres, un prénom : Karel. En cettenuit d’août, Julia, 37 ans, virevolte avec une amie d’un bout à l’autre de la médiathèque de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), marouflette en mains. Ce collage, la militante féministe le préparait depuis des mois. Une quarantaine de feuilles, plusieurs litres de colle pour une fresque de plusieurs mètres représentant «tout ce que Karel a subi». Il est venu compléter une rue aux allures de mémorial pour son amie. «Depuis son décès, je ne colle plus que pour elle», avance Julia, qui avait lancé avec Karel un mouvement de collages sur l’île de Saint-Martin, où elles se sont rencontrées en juillet 2020. Après près de deux ans de violences, notamment psychologiques, infligées par son conjoint, Karel s’est suicidée le 25 septembre 2021 au Canada, où cette brillante doctorante suisso-portuguaise résidait. Elle avait 30 ans.

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