C’est une actrice anonymisée qui confie : «On m’a convaincue que c’est parce que je souffre qu’un réalisateur est heureux.» Une autre à qui un réalisateur a demandé «de [s]‘insérer un œuf dans le vagin en [lui] laissant entendre que, si [elle était] une vraie actrice, [elle serait] capable de le faire». Ou Anna Mouglalis, décrivant cette intensité recherchée chez les actrices y compris dans les silences, qu’elle appelle «vulnérabilité charismatique» et qui s’avère «particulièrement sensible chez les survivantes – d’inceste, de viol».
85 auditions et tables rondes, 118 heures d’échanges avec 350 professionnels, 87 recommandations au total. En 279 pages, le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans le milieu culturel dresse un diagnostic accablant pour les secteurs artistiques, tirant l’un après l’autre les fils d’une omerta tenace. Mise en place après les accusations de l’actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon, cette commission a ensuite été élargie aux secteurs «de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité».
Révélations terribles et inouïes sur le métier
Avortée lors de la dissolution le 9 juin, après un mois de travaux, elle avait été remise sur pied début octobre, sous la présidence de la députée Sandrine Rousseau (Les Ecolo