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Prévention

Violences sexuelles dans les transports en commun : une nouvelle campagne de sensibilisation dévoilée

Officiellement présentées par la Première ministre ce vendredi 24 novembre à la gare Saint-Lazare à Paris, les affiches visent à «provoquer un sursaut collectif». Les usagères réclament, elles, un renforcement de la présence humaine pour lutter contre ce fléau.
Une des affiches de la campagne de sensibilisation aux violences sexuelles dans les transports en commun présentées ce vendredi 4 novembre au matin par Elisabeth Borne, à la gare Saint-Lazare, à Paris. ( Gouvernement)
publié le 24 novembre 2023 à 12h03

Elles sont apparues au compte-gouttes depuis déjà quelques jours dans les couloirs des métros. «Contre les agresseurs, levons les yeux», enjoignent, en gros plan, les visages féminins et masculins représentés sur les affiches. Beaucoup passent devant sans même les remarquer, d’autres s’y attardent un instant, y jettent un regard, parfois interloqués. C’est ce vendredi 24 novembre au matin, à la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, que la Première ministre a officiellement dévoilé cette nouvelle campagne de sensibilisation à la gare Saint-Lazare à Paris. En compagnie notamment de la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Couillard, Elisabeth Borne a affirmé que l’opération vise à «provoquer un sursaut collectif».

Et pour cause, une étude de 2016 de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports, citée par le gouvernement démontrait que 87 % des usagères interrogées avaient déjà été victimes au moins une fois de violences sexistes et sexuelles dans ces lieux. Pour 71 % d’entre elles, ces actes constituaient des infractions pénalement répréhensibles mais seulement 2 % avaient porté plainte. Pointant un «constat alarmant», Elisabeth Borne a martelé qu’il fallait «garantir à chaque femme le droit de prendre les transports en commun dans la tranquillité, en sécurité».

Une augmentation des signalements en 2022

Selon les dernières données du service statistique du ministère de l’Intérieur, dévoilées en septembre, les signalements de ces violences continuent à bondir en France en 2022, mais quasiment sur le même rythme que dans les autres lieux publics : «Après une très forte augmentation en 2021 (+ 32 %), le nombre de victimes de violences sexuelles continue d’augmenter en 2022 mais moins fortement (+ 13 %) alors qu’il avait nettement diminué en 2020 (- 27 %) dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19.»

En Ile-de-France, cette hausse est davantage marquée (19 %) et plus sensible que dans les autres lieux publics franciliens. Les 2 308 victimes – dans plus de 9 cas sur 10 des femmes – s’étant signalées ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Selon l’enquête Virage faisant référence en la matière, menée par l’Ined en 2015, 43 % des faits de violences que l’institut qualifie comme «graves» envers les Franciliennes ont lieu dans les transports collectifs.

Ces 2 950 affiches et 2 100 panneaux numériques conçus avec le concours d’associations, de la RATP et de la SNCF seront visibles dans les gares, stations et sur les bus d’Ile-De-France jusqu’au 12 décembre. Dans le reste de la France métropolitaine, 2 000 affiches et 830 panneaux numériques seront également déployés pendant trois semaines.

La dernière campagne de sensibilisation nationale sur ces violences dans les transports collectifs avait été menée en 2016 dans cinq grandes métropoles, dont Paris, sans visiblement avoir produit l’effet escompté.

«Rappeler les gestes à accomplir en cas d’agression»

Au-delà du sursaut espéré, cette nouvelle campagne, «c’est l’occasion de faire connaître tous les numéros de signalement [par téléphone 31 17 et par SMS 31 177 pour la RATP et la SNCF, ndlr], de rappeler les sanctions encourues et les gestes à accomplir en cas d’agression», a expliqué la Première ministre.

Au festival 24H de Libé, le 11 novembre, Paola, une lycéenne racontait avoir assisté à une scène de violence sexuelle : «Une femme était harcelée dans le métro, personne ne réagissait. Je suis allée crier sur le monsieur, ce qui a donné le courage à cette femme de réagir et à pousser le monsieur à partir. Je me suis dit que si j’avais été à sa place, j’aurais aimé qu’on le fasse pour moi.»

Pour se sentir plus en sécurité, le renforcement de la présence humaine (représentant des forces de l’ordre ou agents de la RATP-SNCF) est réclamé par une majorité de femmes, selon une note de l’Institut Paris région de 2022. Si Elisabeth Borne a salué ce vendredi matin le «développement de la vidéo protection, des patrouilles de sécurité», aucun chiffre, pour l’heure, ne permet d’étayer ses propos.