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Violences sexuelles dans les transports : quelques «safe places» qui ne résoudront rien

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Alors que la RATP et Ile-de-France Mobilités ont inauguré leurs premiers «lieux sûrs» mercredi 6 décembre à Paris, leur stratégie de lutte contre les violences interroge, en ce qu’elle renvoie encore aux femmes la responsabilité de se sécuriser elles-mêmes.
Selon une étude reprise par le gouvernement dans une campagne de communication récente, 9 femmes sur 10 ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun. (Edouard Caupeil/Libération)
publié le 7 décembre 2023 à 20h56

Imaginons un monde. Un monde où tout l’espace public serait une «safe place» pour les femmes : chaque détour de rue, chaque couloir de métro, dans une rame bondée comme dans un escalier déserté, aux premières lueurs du jour, comme dans la pénombre de la nuit. Des lieux publics où il ne s’agirait plus de contrôler sa tenue, de tenir ses clés entre ses doigts ou de dépenser des dizaines d’euros dans un taxi pour rentrer chez soi sans se faire harceler. Autrement dit, imaginons le monde des hommes.

Un pays, si ce n’est un monde, qui n’aurait nul besoin de créer de toutes pièces ces «lieux sûrs», comme les trois qui ont été inaugurés dans le RER parisien ce mercredi 7 décembre par Ile-de-France Mobilités et la RATP, à la station Auber avec la start-up Umay. Neuf femmes sur dix ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun. Bien que la sphère privée soit la plus dangereuse pour les femmes, l’enquête Virage menée par l’Ined en 2015 montre que 43% des faits de violences qualifiés comme «graves» dans l’espace public envers les Franciliennes ont lieu dans les transports collectifs. Toute initiative de sensibilisation – comme la campag