«Les femmes ne se sentent pas en sécurité dans les transports d’Ile-de-France.» C’est avec ces mots que commence une pétition lancée le 24 octobre dernier par Marie K, une habitante qui emprunte elle-même les transports en commun du réseau francilien. Objectif : visibiliser la demande de mise en place de wagons réservés aux femmes et aux enfants sur l’ensemble des rails de la RATP . «Les femme ne devraient pas ressentir de crainte à chaque trajet. Elles ont le droit de se déplacer dans la sérénité et la sécurité», peut-on lire. A ce stade, un peu plus de 11 600 personnes y ont ajouté leur signature.
La pétition a été lancée quelques jours après le relais par la presse du témoignage de Jhordana, une Brésilienne de 26 ans, victime d’une agression sexuelle et d’une tentative de viol dans une rame du RER C entre Villeneuve-le-Roi et Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) le 15 octobre. Alors qu’elle rentrait du travail, elle avait expliqué en outre avoir été frappée et étranglée par son agresseur, avant qu’une autre passagère, Marguerite, qui avait filmé la fin de l’agression, ne la secoure. Elle doit recevoir la médaille de l’Ile-de-France, a fait savoir la présidente LR de la région Valérie Pécresse. L’homme mis en cause, quant à lui, a été mis en examen et placé en détention provisoire lundi 27 octobre.
Dispositif rare en Europe
Cet événement particulièrement violent a relancé l’idée de mettre en place des wagons réservés aux femmes. Auprès du Parisien, Marie K, à l’origine de la pétition, souligne avoir conscience que cette approche fait débat, certains jugeant que séparer les hommes et les femmes n’est pas la bonne façon de faire. Mais «tant que le système ne nous protège pas, je considère cette idée comme une mesure temporaire et nécessaire, au moins pour réduire les risques. Et pour être honnête, je ne crois pas à l’idée de rééduquer les hommes agressifs. C’est une belle théorie, mais elle ne fonctionne pas dans la réalité.» En l’espèce, l’idée a déjà été partagée en France, mais avait essuyé des critiques d’associations féministes. Le collectif Osez le féminisme avait ainsi qualifié l’idée de «séparatiste», tandis que le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes estimaient que «créer des wagons non mixtes reviendrait à entériner la peur et la mise à l’écart des femmes, alors que la mixité est un acquis fondamental».
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Dans le texte diffusé sur change.org, elle s’appuie sur des exemples internationaux, citant des pays tels que le Japon, l’Inde ou encore le Mexique, où des dispositifs à cette image existent dans certaines villes. Comme le métro de Mexico, qui a mis en place des voitures réservées aux femmes, ou la ville de Bombay, dont les trains de banlieue sont munis de compartiments dédiés également.
En Europe, ce type de dispositifs «ne fait pas vraiment partie du paysage sur un continent traversé par les lignes de train», estime un rapport datant de 2024. Des compartiments réservés aux femmes ont existé au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle, mais ils avaient déjà disparu un siècle plus tard et n’ont pas refait surface depuis. En Allemagne, une expérimentation avait été lancée sur la ligne reliant Leipzig à Chemnitz, mais là encore, cette solution a été supprimée après avoir été critiquée par le public. A l’été 2024, la Slovaquie a quant à elle mis en place une telle mesure dans certains trains express.