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Interview

Viols de Mazan : «Ce procès nous confronte à la possible inhumanité de ceux qu’on aime»

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La juriste Catherine Le Magueresse, autrice des «Pièges du consentement», explique qu’il n’y a pas de profil type de l’agresseur, même si des signaux d’alerte peuvent exister. Elle milite pour vraie une prise en compte de la préméditation des viols.
Lors d’une manifestation en soutien à Gisèle Pelicot, à Paris le 14 septembre. (Anna Margueritat/Hans Lucas)
publié le 3 octobre 2024 à 20h41

Ils s’efforcent de se cacher, se dissimulent derrière des masques, serrent leurs capuches jusqu’à s’y voir absorbés. Les subterfuges cosmétiques n’y changent pourtant rien, les 50 hommes qui comparaissant aux côtés de Dominique Pelicot depuis le 2 septembre devant la cour criminelle départementale d’Avignon pour viols aggravés ne peuvent masquer le visage de l’ordinaire. Ils sont pompier, chauffeurs routiers, infirmier, gardien de prison, militaire. Ils ont de 26 à 74 ans, sont de tous milieux sociaux. Ils incarnent ce que les féministes s’efforcent de faire comprendre depuis des décennies : les agresseurs sont «monsieur Tout-le-Monde». Juriste et autrice de l’ouvrage les Pièges du consentement (éditions iXe), Catherine Le Magueresse analyse cette occasion historique de faire entendre les ravages de la domination masculine.

Le procès des viols de Mazan produit-il un effet de loupe sur la réalité du profil des violeurs ?

Avec ce procès, les Françaises et les Français prennent conscience que le violeur est parmi nous. C’est une réalité douloureuse. Dominique Pelicot assure que seuls trois hommes sur dix ont refusé dès les premiers contacts. C’est effrayant. Tous ces hommes sont nos proches. On se demande : «Est-ce que mon frère aurait été de ceux qui auraient tourné les talons ou de ceux qui au