L’importance de ce procès s’écrit entre les lignes, serpentant entre les intérêts individuels pour dessiner une problématique systémique : celle du voyeurisme, reconnu comme un délit depuis 2018. Laurène Daycard, 35 ans, est journaliste indépendante, spécialisée dans le traitement des violences sexistes et sexuelles. Le 1er avril, comme à son habitude, elle s’en va nager à la piscine Georges-Hermant, dans le XIXe arrondissement de Paris. Alors qu’elle est en train de se rhabiller, elle aperçoit un sac glissé sous la cloison de sa cabine. Un petit trou dans la toile laisse apparaître un objectif de téléphone. Emmanuel L. était en train de la filmer à son insu. Elle tire le sac, alerte le personnel de la piscine et porte plainte. Jugé en comparution immédiate ce vendredi 13 juin (l’affaire avait été renvoyée début avril), cet homme de 38 ans, qui a reconnu les faits de voyeurisme aggravé, a été condamné à dix mois de sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de soins, de travail, interdiction d’entrer en contact avec la victime, mais aussi d’apparaître dans les piscines et salles de sport à Paris. 140 heures de travaux d’intérêt général ont également été prononcées.
Le cas de Laurène Daycard est singulier. Singulier parce que l’autrice a eu «de bons réflexes», qu’elle tire de son expertise professionnelle : réagir rapidement et ne pas minimiser les faits. Singulier puisqu’elle a lutté contre l’indifférence générale – les policiers ne se sont pas déplacés à la p