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Libération
Reportage

A Arras au lendemain de l’attentat, «il fallait que les enfants voient que c’est fini»

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Le sentiment d’irréalité, omniprésent vendredi dans la ville après l’attentat, s’efface peu à peu, laissant place à une émotion contenue.
Devant le lycée Gambetta, au lendemain de l'attentat qui a coûté la vie à Dominique Bernard. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
par Marie Piquemal et Stéphanie Maurice, envoyée spéciale à Arras (Pas-de-Calais)
publié le 14 octobre 2023 à 20h15

Vendredi après-midi, Anouk, 9 ans, s’est construit une forteresse avec ses doudous et les coussins du canapé. En la voyant faire, ses parents ont pris la décision de venir dès le lendemain, en famille, devant la cité scolaire du centre-ville d’Arras. Là où l’attentat terroriste s’est déroulé, tuant Dominique Bernard, professeur de français, et blessant trois autres membres de l’équipe enseignante ce vendredi 13 octobre. Les parents, d’une seule voix : «Il fallait que les enfants voient que c’est fini. Alors, ce matin, on a tous pris notre vélo. C’était important le vélo pour dire qu’on n’a pas peur. Pour rendre hommage et avancer. Ne pas laisser la terreur gagner.» Dès 8 heures du matin, ce samedi 14 octobre, la cité scolaire Gambetta-Carnot a ouvert ses portes, devant les CRS et les caméras, alignées comme des perles. Aucun cours n’a lieu, mais une cellule psychologique est ouverte à ceux qui le souhaitent. Il en sera pareil lundi.

Sur la route du marché avec leur cabas, des Arrageois de tout âge s’arrêtent quelques instants, souvent sans un mot. Les fleurs s’amoncellent devant les portes de l’établissement. D’abord sur un banc, puis sur une table de classe, puis deux. Des roses blanches. Un bouquet de tournesols aussi.

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