D’Aigues-Mortes à Argenteuil, de Nantes à Clermont-Ferrand, chaque cour d’école connaît son lot de moqueries, d’insultes et de bagarres au quotidien. Mais parfois, la situation dérape. Et se cristallise de façon répétée (sinon ce n’est pas du harcèlement) autour d’un même élève. Alors commence le harcèlement scolaire. «On a tous été collégiens et on a tous des souvenirs de boucs émissaires, même sans avoir été dans un établissement réputé difficile», rappelle Emmanuel Forestier, principal du collège Lafayette au Puy-en-Velay (Haute-Loire). Il précise : «Le harcèlement ne fonctionne que si le harceleur a un public. C’est sur lui qu’il faut agir.»
Depuis janvier 2019, l’établissement a intégré le dispositif Sentinelles et Référents pour lutter contre ce phénomène. Pendant quatre jours, dix élèves ont été formés avec six adultes, qu’ils soient enseignants, encadrants, directeurs, agents d’entretien ou parents. Tous volontaires. Les premiers deviendront sentinelles, les seconds référents. Leur rôle ? Casser la dynamique délétère de groupe, ce que le programme appelle «le triangle de l’abus» : un auteur, une victime et des spectateurs. Mais jamais seuls, et selon certaines règles. «On ne tire pas à boulet rouge sur le harceleur, insiste le directeur. On ne s’occupe pas de lui mais de la victime et du reste du groupe, pour qu’ils p