«Tu t’imagines être pris nulle part sur Parcoursup ?» demande Jade, lycéenne en terminale générale, option géopolitique et mathématiques, à son camarade Aurélien. «C’est impossible, je serai forcément pris quelque part», répond nonchalamment le jeune homme de 17 ans. Il ne reste plus que quelques heures à cet élève du lycée Camille-Sée, dans le XVe arrondissement de Paris, pour valider ses vœux d’orientation post-bac. Les quelque 600 000 aspirants bacheliers et étudiants en processus de réorientation avaient jusqu’au 29 mars pour formuler leurs vœux – au maximum dix, auxquels il faut ajouter vingt sous-vœux – et peuvent jusqu’à ce vendredi minuit peaufiner leurs candidatures sur la plateforme Parcoursup.
Un délai supplémentaire de 24 heures a été accordé aux candidats après un bug informatique, mercredi après-midi. Une péripétie dont se serait bien passé Ilona, 17 ans, élève en terminale générale au lycée Maurice-Eliot d’Epinay-sous-Sénart (Essonne) : «Je m’y suis prise bien à l’avance pour compléter mes vœux. Hier, je voulais m’assurer une dernière fois que c’était bon mais le site a planté.» La finalisation des dossiers est la dernière étape pour les étudiants inscrits sur Parcoursup, avant que les premiers résultats d’affectation ne tombent, le 2 juin.
Tenace opacité
Devant le lycée Antoine-de-Saint-Exupéry de Créteil (Val-de-Marne), un petit groupe se forme. Le dossier chaud du moment ne semble pas réveiller l’anxiété des lycéens. «Parcoursup, on en parle souvent entre nous. Des lettres de motivation, des choses qu’il nous reste à faire pour finaliser nos dossiers», entame Sanassi, 18 ans, qui a postulé dans des filières en droit et sciences politiques. Il est confiant : «Je sais que j’aurai une affectation, j’ai des bonnes notes. J’ai travaillé pour.» William partage le même état d’esprit : «Je ne suis pas stressé, je sais exactement à quoi m’attendre. J’ai fourni des efforts tout au long de l’année.» Le jeune homme, qui rêve depuis toujours de travailler dans le domaine de la santé ou dans l’ingénierie, a candidaté dans des filières aussi diverses que médecine, DUT robotique ou encore en licence de lettres étrangères appliquées français-chinois.
Reportage
Les élèves comptent avant tout sur leurs notes pour obtenir leur affectation de prédilection, une situation que regrette Anastasia, étudiante en terminale générale au lycée Maurice-Eliot en Essonne : «C’est l’algorithme qui nous classe en fonction de nos notes. Si par exemple, pour une affectation, on doit avoir 13 de moyenne et qu’on n’a pas cette note, on n’est même pas sûr que notre dossier soit étudié. C’est frustrant.» Malgré une tenace opacité, la procédure est désormais bien connue des établissements et des élèves, après quatre ans d’existence. «Parcoursup, on nous en parle constamment depuis le début de l’année. J’avoue que parfois que je n’écoute plus», plaisante Naël, étudiante de 18 ans en terminale professionnelle au lycée Antoine-de-Saint-Exupéry de Créteil.
«Pas de plan B»
Chaque vœu est accompagné d’éléments pour apprécier la personnalité et la motivation des candidats. La jeune femme, qui rêve de travailler dans le commerce, sait exactement quoi écrire dans ses lettres de motivation pour des BTS et DUT. «Il faut se décrire, savoir se vendre, montrer qu’on a un bon contact client, qu’on sait s’exprimer», détaille-t-elle. L’exercice a aussi semblé aisé à Aurélien, 17 ans, élève en terminale générale option mathématiques et physique. «J’ai mis deux heures pour rentrer mes vœux et pour les lettres de motivation, j’ai repris celles que mon frère avait faites l’année dernière. Beaucoup de gens ont la pression de leurs parents mais les miens me font confiance et me laissent faire», explique-t-il. En cas de doute, Aurélien a pu compter sur sa mère, «qui travaille dans le droit», et son grand-père ingénieur.
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D’autres lycéens ont trouvé de l’appui au sein de leur établissement. Jade, à Paris, souligne l’implication de ses enseignants : «J’ai un professeur de géopolitique très attentif qui nous envoyait des messages pour nous suggérer de faire un vœu dans telle ou telle filière.» William, lui, est directement allé voir ses professeurs d’EPS pour glaner des conseils afin d’intégrer la très prisée licence de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). «Je n’ai pas de plan B si je ne suis pas accepté. J’essaye de ne pas y penser», reconnaît-il. L’an passé, 590 000 des 635 0000 bacheliers avaient eu une proposition d’admission, sans forcément que celle-ci ne corresponde à leur premier choix.