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Libération
Ecoblanchiment

A Toulouse, le partenariat entre l’université Paul Sabatier et TotalEnergies passe mal

Les scientifiques en rébellion ont perturbé une conférence sur la transition énergétique à l’Université Paul Sabatier de Toulouse à laquelle TotalEnergies était invité comme partenaire du master sur ce thème.
L'université Paul Sabatier à Toulouse. (Frédéric Lancelot/Divergence)
publié le 27 juin 2023 à 16h51

«Qui sont les vrais éco-terroristes ?» Lundi 26 juin, les scientifiques en rébellion ont posé la question abruptement à l’université Paul Sabatier de Toulouse à l’occasion d’une table ronde sur «l’interdisciplinarité dans le cadre de la transition énergétique» à laquelle était convié TotalEnergies. Une action dans la lignée des protestations contre le projet d’oléoduc EACOP en Ouganda et Tanzanie et lors de l’AG du groupe.

Les activistes ont plusieurs motifs pour protester. En premier lieu, la stratégie du pétrolier qui consiste à ouvrir de nouveaux gisements fossiles et à investir sur le gaz. «Total continue de dire que le gaz diminue les émissions de moitié par rapport au charbon. C’est faux !!», s’insurgent les chercheurs. Deuxième point dur : la communication consistant à mettre en avant le développement des énergies renouvelables (10 à 15 % de ses investissements, ndlr). «Le groupe se conduit comme un alcoolique auquel on diagnostiquerait une cirrhose du foie, et qui répondrait : «OK, donc je double ma consommation d’alcool, mais tout va bien puisque ma consommation d’eau, je la triple !», illustre le collectif national de scientifiques révoltés par l’inaction face à l’urgence écologique.

Enfin l’Université Paul Sabatier est aussi nommément prise pour cible en raison de son partenariat signé avec TotalEnergies autour d’un Master intitulé «Gestion des ressources énergétiques efficacité énergétique autoconsommation intelligente en réseaux». L’accord a été révélé par le Canard enchaîné puis Reporterre. Selon le palmipède, le groupe verse 3 000 euros par an à la fac et se paie ainsi le droit d’envoyer ses salariés, ou anciens salariés, dispenser des cours sur les enjeux de la transition énergétique. Un accord qui passe d’autant plus mal que Total était le propriétaire de l’usine AZF qui avait explosé à Toulouse en 2001.

Les activistes ont tout de même assisté à la table ronde. Ils ont pu voir leur intervention qualifiée de «minable» et les responsables de TotalEnergies se défausser sur le rôle des consommateurs et de la «demande». Une position en droite ligne de celle de leur patron, Patrick Pouyanné, qui déclarait lors de l’AG du groupe le 26 mai dernier que «la demande de pétrole au niveau mondial est en croissance et si ce n’est pas TotalEnergies qui répond à cette demande, d’autres le feront à notre place», lançait-il à la tribune. Une justification insuffisante face à l’addiction destructive aux énergies fossiles.