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A une semaine de la rentrée scolaire, les chefs d’établissement en souffrance : «On ne peut pas s’opposer, on peut juste crever en silence»

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Pressions hiérarchiques, valse ministérielle, préparation des nouveaux «groupes de besoin»… une écrasante majorité des personnels de direction est à bout de souffle. Mais dans une profession soumise à un strict devoir de réserve, rares sont les voix à s’élever.
Près d’un personnel de direction sur deux souffre de dépression modérée à sévère. (Guillaume Souvant/AFP)
publié le 25 août 2024 à 8h00

Jusqu’à la fin du mois de juillet, il a fallu démêler les derniers fils : quel sera le contenu de ces heures de cours personnalisées ? Comment faire vivre le collectif au sein de la classe ? Comment concilier les injonctions du ministère et les velléités d’emploi du temps des professeurs ? Voilà trois ans qu’Isabelle (1) revêt le costume de principale de collège. Mais avec la mise en place, pour la première fois cette année, des groupes de niveaux (renommés «groupes de besoin» par la ministre démissionnaire, Nicole Belloubet) en sixième et en cinquième – mesure phare de la réforme du «choc des savoirs» annoncée en décembre par le Premier ministre Gabriel Attal (également démissionnaire) –, l’ancienne professeure de 45 ans n’a jamais achevé une année scolaire «si épuisée». Pour que le dispositif soit optimal à la rentrée 2024, elle, son adjointe et l’équipe enseignante ont planché jusqu’à «soixante-dix heures par semaine». Puis, au beau milieu de l’été, alors que les équipes pédagogiques étaient en congés, il a fallu résoudre le casse-tête des plannings, des salles, et des contraintes d’effectifs. Soumis à une cadence éreintante, parfois quasi intenable, nombreux sont les personnels de direction – «perdir», dans le jargon – à faire état de