«Je me demande si la protection de l’enfance existe réellement», réfléchit à voix haute Thibault (1), avant de raccrocher. Un peu plus de vingt jours après les révélations de Libération sur les accusations de maltraitances de la part de la directrice de la maison d’enfants à caractère social (Mecs) de Thibouville, dans l’Eure, ce sont des éducateurs désabusés qui répondent au téléphone. Depuis plusieurs semaines, Thibaut et certains de ses collègues sont vent debout contre Marie-France L., aujourd’hui visée par une enquête de gendarmerie. Mais, plus largement, c’est tout un système qu’ils dénoncent. Pressions mises sur les éducateurs, manque de moyen et d’hygiène, violences verbales et physiques envers des enfants âgés, pour les plus jeunes, de 6 ans. Les gouttes de trop auront été des gifles données par la directrice de l’établissement à deux enfants placés. De simples «revers» se justifiera-t-elle plus tard.
Dans un premier article, Libération notait que malgré plusieurs signalements faits en interne, au 119 ou auprès du parquet d’Evreux, Marie-France L. était toujours en poste. Au grand dam des éducateurs, mais sans aucun commentaire de la part des autorités compétentes, à savoir le département. Contacté, le cabinet de la sec