14h10. L’heure est passée mais qu’importe, le moment est trop précieux pour être réalisé à la va-vite. Au collège Jean-Moulin, dans le XIVe arrondissement de Paris, une trentaine de représentants d’élèves se sont regroupés dans la cour, face à leur principal, entouré de la maire et du directeur académique de l’éducation nationale. Au micro, deux troisièmes lisent avec application la lettre d’Albert Camus à son instituteur, entendue dans chaque classe. Avant que le silence ne s’impose pour la minute en hommage à Dominique Bernard, ce professeur de lettres poignardé à mort vendredi à Arras (Pas-de-Calais) par un ancien élève radicalisé. En hommage aussi à Samuel Paty, cet enseignant d’histoire-géographie, assassiné trois ans jour pour jour après avoir tenu un cours sur la liberté d’expression, en montrant des caricatures du prophète Mahomet. Leurs deux portraits ont été affichés à l’entrée du bâtiment avec leurs dates de naissance et de mort, juste à côté de celui du résistant Jean Moulin.
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Derrière le petit groupe rassemblé, Claire, professeur de français depuis vingt ans, ne retient pas ses larmes. «Encore une minute de silence, encore beaucoup de choses à dire à nos élèves, regrette-t-elle. Que pourrait-on faire de plus pour éviter ces drames ? On pourrait penser que c’est une forme d’échec, ce qu’il vient de se passer.» Sa collègue Claudia, qui enseigne aussi le français, a hésité avant de venir. «Pourquoi aller en cours si on s’en prend aux profs ?» Pui