Menu
Libération
Terrorisme

«Allumons les esprits, c’est notre loi première» : à Paris, des profs endeuillés, des hommages et des poèmes

Article réservé aux abonnés
Dans la capitale, reportage au collège Jean-Moulin, dans le XIVe arrondissement, et au collège-lycée Charlemagne, dans le Marais. Professeurs et élèves endeuillés par l’attentat d’Arras y ont échangé, dans une journée rythmée par la visite du ministre de l’Education nationale et la minute de silence en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty.
A Paris, ce lundi 16 octobre. ( Quentin de Groeve/Hans Lucas. AFP)
publié le 16 octobre 2023 à 19h29

14h10. L’heure est passée mais qu’importe, le moment est trop précieux pour être réalisé à la va-vite. Au collège Jean-Moulin, dans le XIVe arrondissement de Paris, une trentaine de représentants d’élèves se sont regroupés dans la cour, face à leur principal, entouré de la maire et du directeur académique de l’éducation nationale. Au micro, deux troisièmes lisent avec application la lettre d’Albert Camus à son instituteur, entendue dans chaque classe. Avant que le silence ne s’impose pour la minute en hommage à Dominique Bernard, ce professeur de lettres poignardé à mort vendredi à Arras (Pas-de-Calais) par un ancien élève radicalisé. En hommage aussi à Samuel Paty, cet enseignant d’histoire-géographie, assassiné trois ans jour pour jour après avoir tenu un cours sur la liberté d’expression, en montrant des caricatures du prophète Mahomet. Leurs deux portraits ont été affichés à l’entrée du bâtiment avec leurs dates de naissance et de mort, juste à côté de celui du résistant Jean Moulin.

Derrière le petit groupe rassemblé, Claire, professeur de français depuis vingt ans, ne retient pas ses larmes. «Encore une minute de silence, encore beaucoup de choses à dire à nos élèves, regrette-t-elle. Que pourrait-on faire de plus pour éviter ces drames ? On pourrait penser que c’est une forme d’échec, ce qu’il vient de se passer.» Sa collègue Claudia, qui enseigne aussi le français, a hésité avant de venir. «Pourquoi aller en cours si on s’en prend aux profs ?» Pui