Un temps d’échange «tout à la fois humain et pédagogique» pour le personnel scolaire. Les équipes éducatives du second degré pourront se réunir avant les cours et ainsi s’organiser sur la façon dont elles aborderont avec les élèves l’attentat qui a fait vendredi un mort et trois blessés dans un collège-lycée d’Arras (Pas-de-Calais). C’est ce qu’a annoncé samedi le ministre de l’éducation nationale Gabriel Attal.
Début des cours à 10 heures dans le second degré
Conséquence, dans les collèges et les lycées, les cours démarreront lundi à 10 heures, plus tard que d’habitude donc. Gabriel Attal compte sur la tolérance des employeurs avec leurs salariés parents d’élèves «contraints d’arriver un peu plus tard au travail. Car toute la Nation fait bloc», écrit-il dans un mail envoyé à toute la communauté éducative. Les élèves qui n’ont d’autre choix que de venir en transport scolaire pourront arriver à l’heure habituelle avec un «accueil temporaire et minimal» avant la reprise.
Ce temps d’échange de deux heures entre professeurs, chefs d’établissement ou conseillers principaux d’éducation, avait cruellement manqué aux équipes pédagogiques après l’assassinat de leur collègue Samuel Paty. Ce professeur d’histoire-géographie avait été tué il y a près de trois ans jour pour jour, le 16 octobre 2020, près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Les deux heures banalisées qui avaient été calées ensuite avaient finalement été annulées à la dernière minute par l’ex-ministre Jean-Michel Blanquer, une décision que les professeurs n’ont jamais digérée. Cette fois, le ministère a su accorder ses violons avec la présidente de l’association des régions de France pour assurer le déplacement des élèves «qui dépendent absolument des services de transport scolaires».
Dans les écoles, les élèves seront en revanche accueillis à la même heure que d’habitude. Leurs professeurs auront un temps d’échange durant la pause de la mi-journée. «En terme d’organisation, c’est beaucoup plus compliqué dans le premier degré de demander aux élèves d’arriver plus tard parce qu’ils sont trop jeunes pour rester chez eux avant d’aller à l’école», explique Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, principal syndicat du premier degré.
Une minute de silence à 14 heures
A 14 heures, une minute de silence sera respectée dans les classes «en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école», annonce également Gabriel Attal. En primaire, ce temps d’hommage et de recueillement pourra prendre d’autres formes selon l’âge des élèves. Dans tous les établissements scolaires, il était par ailleurs déjà prévu de commémorer les trois ans de l’assassinat de Samuel Paty.
«L’école ne se laissera pas terroriser. Jamais, a martelé Gabriel Attal vendredi soir après sa rencontre avec les syndicats enseignants. Nous ne céderons pas un pouce de notre liberté à aucun terroriste, si barbare soit-il. Face à la haine et à la barbarie terroriste, l’école restera soudée et elle restera ferme.»
Sécurité renforcée aux abords des établissements
Le ministre a annoncé une série de mesures pour renforcer la sécurité aux abords des 500 établissements ouverts ce samedi. Près de 1 000 personnels de prévention et de sécurité du ministère sont déployés «au maximum de leurs capacités» dans les écoles, collèges et lycées. Il s’agit de personnels de l’Education nationale formés sur ces questions. Ces équipes mobiles sont envoyées en temps normal dans les établissements qui rencontrent un problème de sécurité.
Gabriel Attal a aussi annoncé que le partage d’informations entre le ministère de l’Intérieur et l’Education nationale serait renforcé «dans le cadre des cellules de prévention de la radicalisation et d’accompagnement des familles mises en place dans chaque département». Avec l’obligation de retirer «systématiquement» des contenus illicites sur les réseaux sociaux.
Le numéro d’urgence national a également été réactivé pour soutenir les équipes éducatives choquées. En composant le 0 805 500 005, «tout membre de la communauté éducative pourra s’entretenir avec un psychologue», sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Chaque académie a ouvert ce samedi une cellule académique de soutien. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, salue «ce discours d’unité, de soutien et ces mesures de sécurité à très court terme». Mais elle s’interroge sur l’après. «Il y a un impératif de protection à avoir sur le long terme mais les établissements scolaires ne sont pas des prisons. Il faut réussir à trouver l’équilibre.»