L’homme était suspendu pour trois ans. Le rectorat avait prononcé cette sanction en septembre après une enquête de Libération remontant à février 2024 qui pointait les dérives de Christian Espeso, le directeur du plus grand établissement catholique privé sous contrat du Béarn. La justice administrative a annulé ce vendredi 20 juin la sanction pour «atteintes à la laïcité», jugeant la sanction «disproportionnée».
Enquête
Le tribunal de Pau, qui a suivi l’avis du rapporteur public, a jugé que les «manquements reprochés au directeur» de l’Immaculée conception, Christian Espeso, «n’étaient matériellement pas établis», à l’exception de l’organisation d’une marche entre Pau et Lourdes durant le temps scolaire. La suspension pour trois ans de ses fonctions de directeur était donc «disproportionnée», estiment les juges administratifs dans leur décision communiquée vendredi.
Un «comportement inapproprié» et un «management malveillant»
La rectrice d’académie reprochait à Christian Espeso des «atteintes à la laïcité», pour avoir autorisé «un cours intitulé “enseignement religieux”», organisé une marche de Pau à Lourdes «qui présenterait une dimension religieuse» ou encore censuré des manuels scolaires et ouvrages «contenant des passages sexuels considérés comme inadaptés». Elle reprochait aussi au directeur un «comportement inapproprié» et un «management malveillant». En février 2021, l’administration avait déjà rappelé au directeur de l’établissement ses obligations relatives à l’application du contrat d’association avec l’État.
Justice
Mais le tribunal administratif palois a jugé que le «seul manquement matériellement établi» était cette marche, qui devait se dérouler le 7 mai 2024 durant le temps scolaire sans que les heures de cours prévues ce jour-là ne soient systématiquement reportées. Ce «manquement fautif» n’est pas, à lui seul, «d’une gravité suffisante pour justifier le prononcé d’une interdiction d’exercice des fonctions d’une durée de trois ans», a tranché la justice administrative. Sur le plan pénal, une information judiciaire est toujours ouverte après une plainte pour «harcèlement moral» contre Christian Espeso.