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Reportage

Au lycée Turgot à Paris, «on assiste à la dégradation inexorable de l’enseignement public»

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Privé d’infirmière scolaire, le personnel éducatif doit gérer seul protocole sanitaire, mal-être des élèves et inquiétude des parents. Un travail qui laisse peu de place à l’enseignement et à la gestion de la vie scolaire, leur véritable fonction.
L'entrée du lycée Turgot à Paris le 3 novembre 2020, lorsque des élèves ont tenté de bloquer l'accès à l'établissement pour protester contre le protocole sanitaire, insuffisant selon eux. (Nicolas Portnoi/Hans Lucas)
par Leria Maria Musso
publié le 25 janvier 2022 à 17h30

Lundi après-midi, devant le lycée Turgot à Paris, un véhicule de pompiers, toutes sirènes hurlantes, se gare sur la chaussée. «Une fille a fait un malaise, comme d’habitude ! En fait, ça arrive tout le temps. On n’est jamais au complet en cours, il y a toujours quelqu’un qui fait une crise d’angoisse dans les toilettes ou dans le couloir», explique Blue, élève de terminale spécialités cinéma et littérature anglaise.

Dans ce lycée du IIIe arrondissement, où 265 des 1 400 élèves ont été testés positifs au Covid depuis la rentrée de janvier, il n’y a plus d’infirmière scolaire depuis le 17 décembre. Celle qui occupait le poste à temps plein n’a pas été remplacée après son départ à la retraite. «Il y aurait quatorze autres établissements parisiens qui n’en auraient pas non plus. Le rectorat ne le justifie pas, c’est comme ça», indique Cécile Généras, l’une des trois Conseillères principales d’éducation (CPE) de l’établissement, excédée par une situation qu’elle juge «ubuesque». Il y a quelques jours, elle a transmis un mail au personnel de l’établissement afin de faire un point sur la situation – infirmière et intendante non remplacées, classe de seconde sans professeur de français – et appeler à l’action collective. Au-dessus de sa signature, ce constat amer : «Une CPE qui n’est plus en capacité d’assurer le métier qu’elle a choisi.»

Pénurie de personnel

En l’absence d’infirmière scolaire, ses deux collègues et elle se chargent de gérer le «mal-être croissant» des l