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Libération
Enseignement supérieur

Les présidents d’universités inquiets face l’austérité budgétaire annoncée par Bruno Le Maire

Sur les campus, le train de mesures d’économie annoncé par le gouvernement risque de se concrétiser par une baisse du recrutement des enseignants-chercheurs, prévient ce lundi 26 février l’association des présidents d’université.
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, lors d'une conférence de presse. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 26 février 2024 à 13h37

Au tour des présidents d’université de s’élever contre les coupes budgétaires annoncées dans l’enseignement supérieur et la recherche. Leur association, France Universités, «exprime sa vive inquiétude» par un communiqué ce 26 février face au plan d’économies de l’Etat, détaillé dans un décret le 21 février dernier. Sur les 10 milliards de crédits annulés, 900 millions concernent la mission enseignement supérieur et recherche de l’Etat, dont 200 millions pour les universités et la vie étudiante.

Les présidents ont attendu une réunion vendredi dernier au ministère avant de prendre la parole. Ils en sortent avec des explications sur la nature des économies attendues. «Si, à ce stade, seules les réserves de précaution sont concernées, et donc ni le budget de la vie étudiante, ni les dotations initiales 2024 des établissements, ni les mesures RH de la loi de programmation de la recherche (LPR) ne sont pour l’heure touchées, l’incidence réelle de tels arbitrages, à court et moyen termes, ne manque pas d’interroger», écrivent-ils.

Selon eux, le recrutement d’enseignants-chercheurs va être limité. «Cette situation […] rend impossible le remplacement des milliers de départs en retraite de chercheurs et d’enseignants-chercheurs», préviennent-ils, rappelant que leurs établissements ont dû faire face à la hausse des coûts de l’énergie et à la revalorisation des fonctionnaires sans soutien financier de l’Etat. En décembre dernier, Emmanuel Macron avait pourtant vanté l’investissement qu’il a consenti dans le secteur via la LPR et affirmé «sa détermination pour tenir cette ligne». Le voilà démenti deux mois plus tard. Le 23 février, le Snesup-FSU, syndicat majoritaire chez les personnels dénonçaient des économiques «qui représentent l’équivalent de plus de 5 250 emplois pour le secteur de l’ESR».

«Des précisions dans les semaines à venir»

Même son de cloche du côté des étudiants. Les deux organisations principales se sont élevées contre ces décisions, en pleines négociations autour de la réforme du système de bourses. La Fédération des associations générales étudiantes (Fage) a immédiatement demandé une annulation de ce décret. «20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim. […] En décembre 2023, la quasi-totalité des universités votaient des budgets en déficit. […]. L’enseignement supérieur public est à l’agonie», écrivait-elle dans un communiqué le 22 février. L’Union étudiante demande aussi une révocation du décret, pointant que le gouvernement annule d’une main - 125 millions d’euros en moins pour le budget de la vie étudiante - ce qu’il donne de l’autre - une hausse de 500 millions d’euros pour les bourses étudiantes annoncée en mars 2023.

A Libération, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche confirme que «les moyens de fonctionnement des établissements sont préservés» et que «l’ensemble des engagements sur la vie étudiante sera bien sûr tenu». Toutefois conscient des réticences à lever, il nous assure que «des précisions seront apportées dans les semaines à venir».