Les épreuves du bac qui se déroulent de lundi à mercredi risquent-elles d’être perturbées ? Quatre organisations syndicales enseignantes, le Snes-FSU, SUD Education, FO et CGT Education, appellent à durcir le mouvement contre la réforme des retraites «sous toutes ses formes, y compris par la grève des surveillants [lors des épreuves de spécialités du bac, ndlr], indique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU. C’est une décision difficile, qui ne sera pas forcément majoritaire, mais le recours au 49.3 pour faire adopter la réforme est d’une violence inouïe.» «Ce coup de force relance incontestablement la mobilisation des enseignants, estime Jules Siran, co-secrétaire fédéral de SUD éducation. On a de plus en plus d’enseignants en grève. Les examens ne doivent pas être un frein à se mobiliser.»
Des AG se tiennent ce vendredi un peu partout sur le territoire, dans différents établissements, pour voter la suite du mouvement. Au lycée Utrillo de Stains, en Seine-Saint-Denis, une quinzaine de professeurs avaient déjà décidé, mercredi, de se mettre en grève pour les épreuves du bac, sans pour autant bloquer l’établissement. «Ce passage en force avec le 49.3 ne fait que renforcer notre colère, estime Benoît, professeur de SVT dans ce lycée depuis onze ans. Encore une fois, cela montre que le gouvernement n’écoute pas et prend des décisions malgré les contestations.» Ce professeur tiendra lundi et mardi le piquet de grève devant son lycée au lieu de surveiller des candidats. Il le sait, les terminales pourront tout de même plancher sur leurs épreuves, mais pas forcément dans les meilleures conditions. Les directions d’établissements prévoient toujours davantage de surveillants que nécessaire mais en 2019, lors de la dernière grève contre la réforme du bac, les épreuves s’étaient tenues au lycée d’Utrillo «dans des classes surchargées, avec 35 à 40 élèves pour deux enseignants et une triche pas possible», affirme Benoît. Le ministère a précisé mercredi avoir «le droit de mobiliser tous les personnels de l’Education nationale nécessaires pour faire en sorte que les examens se déroulent bien». Si un élève arrive en retard à son centre d’examen en cas de perturbations dans les transports, il pourra entrer jusqu’à une heure après le début de l’épreuve dont l’heure de fin sera alors décalée, assure aussi le ministère.
«La mobilisation ne sera pas la même partout, cela va créer des distorsions entre les candidats, s’inquiète Grégoire Ensel, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Cela va ajouter du stress au stress parce que c’est la première fois que le nouveau bac se déroule dès le mois de mars, au bout de six mois de cours seulement», avec des programmes à terminer au pas de course. Les organisations syndicales lycéennes soutiennent les professeurs mobilisés mais n’appellent pas aux blocages des établissements. «On s’oppose à la réforme mais on ne veut pas perturber les épreuves qui se tiennent déjà dans des conditions compliquées», explique Colin Champion, président de la Voix lycéenne. La Voix lycéenne, comme la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl), appelle en revanche à amplifier le mouvement dès la fin des épreuves, en bloquant les lycées ce jeudi, lors de la nouvelle grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites. C’est aussi ce jour-là que se tiennent normalement les commissions d’harmonisation pour les correcteurs. Ces derniers doivent se retrouver, par académie ou département, pour échanger sur les modalités de correction. Mais beaucoup risquent de ne pas répondre présents, estiment les syndicats enseignants.