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Bétharram, ses violences, son omerta et sa «discipline de fer» : retour sur les années 90, où tout aurait pu basculer

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Affaire Notre-Dame de Bétharramdossier
Si trois décennies séparent les témoignages les plus récents des plus anciens, les récits se ressemblent. Pourtant, dès le milieu des années 1990, des signaux d’alertes étaient perceptibles.
Devant l'établissement scolaire Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 12 février 2024. (Quentin Top/Hans Lucas. AFP)
par Lucas Zaï--Gillot, Envoyé spécial à Pau
publié le 22 février 2025 à 19h24

La chape de plomb qui pesait sur les victimes de Notre-Dame-de-Bétharram a fini par céder. Mercredi 19 février, trois hommes ont été interpellés dans cette tentaculaire affaire. L’un d’eux, un surveillant qui était toujours en poste jusqu’en février 2024, a été mis en examen vendredi 21 février pour «viols par personne ayant autorité» entre 1991 et 1994, ainsi que pour «agressions sexuelles sur mineur» en 2002 et 2004, et placé en détention provisoire. Les deux autres, un prêtre et un autre surveillant, ont été laissés libres au titre de la prescription des faits qui leur étaient reprochés.

Le flot de plaintes ne tarit pas. Au sein d’un collectif d’anciens élèves, environ 140 personnes ont dénoncé la terreur quotidienne, les viols et agressions sexuelles subies jusque dans les années 2000 au sein de ce que de nombreuses victimes appellent le «Goulag pyrénéen». Au 31 janvier, le parquet comptabilisait 112 plaintes. Entre les murs de granit de cet établissement réputé se pratiquait une «discipline de fer», rappelle auprès de Libé le maire de Lestelle-Bétharram, Jean-Marie Berchon, en poste depuis 2001. Il ajoute : «Le mot est faible.» Cette violence normalisée, «qui faisait l’ADN» de l’établissement, comme le dé