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Mention dissolution

Brevet 2024 : alors que les épreuves démarrent, des réformes suspendues aux résultats des législatives

Elections législatives 2024dossier
Les deux jours d’épreuves du brevet 2024 ont commencé ce lundi 1er juillet pour les 860 000 élèves inscrits en France. Mais en raison de la dissolution, les grands chantiers entrepris par Gabriel Attal puis Nicole Belloubet sont ajournés avant l’élection d’une nouvelle assemblée.
Le collège Paul-Bert, à Paris, le 24 février 2024. (Riccardo Milani /Hans Lucas. AFP)
publié le 1er juillet 2024 à 13h48

Nous sommes le 1er juillet 2024 ; toute la France est occupée par le premier tour des législatives… Toute ? Non : des milliers de collégiens stressés par le brevet se lancent avec inquiétude dans la première grande épreuve académique de leur vie. Ce lundi, le diplôme national du brevet (DNB) 2024 débute par les épreuves écrites de français (trois heures) et de maths (deux heures). Mardi 2 juillet, ce sera le tour de l’histoire géographie et des sciences (physique chimie, SVT, technologie). On dénombre 856 409 élèves de classe de troisième inscrits, en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer, dans les séries générales et professionnelles. Ils seront peut-être les derniers à connaître l’examen sous cette forme.

Brevet obligatoire pour le lycée et réforme du collège

En décembre 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale, annonçait qu’à l’orée de la rentrée 2025, la réussite au brevet des collèges deviendrait obligatoire pour accéder au lycée, et que l’épreuve représenterait 60 % de la note finale, contre 50 % aujourd’hui. Pour les élèves qui rateraient leur coup (11 % en 2023), une classe «prépa-lycée» ou «prépa-seconde» devait être créée pour le même horizon dans chaque lycée «pour consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite».

Devenu Premier ministre en janvier, Attal assurait mi-mars que les correctifs académiques de l’épreuve seraient supprimés dès la rentrée 2024, afin d’éviter de «gonfler artificiellement» les résultats, de «cacher le véritable niveau des élèves». Avec pour conséquence que «le taux de réussite cette année va baisser de manière importante». Des annonces coïncidant avec une réforme plus largue du collège, le fameux «choc des savoirs», qui comprend la très critiquée création de groupes de niveau, un redoublement plus fréquent, ou encore l’expérimentation brinquebalante de l’uniforme.

Après la nomination d’Attal à Matignon, Nicole Belloubet avait repris le flambeau. L’ancienne ministre de la Justice se trouvait chargée d’une réforme en tous points contraire avec celle de 2016 qui donnait plus de place au contrôle continue et aux attestations d’acquis et qu’elle avait alors soutenue publiquement dans un article de la revue Après-demain.

Méthode Coué

La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin a dynamité les plans de la ministre. Avant le premier tour, Nicole Belloubet tentait la méthode Coué, jurant le 24 juin sur BFMTV que 2024 «sera la rentrée que j’ai préparée». Elle assurait que les groupes de niveaux en français et en maths seraient opérationnels pour les élèves de sixième et de cinquième, et que les uniformes seraient bien expérimentés durant deux ans dans 120 établissements, tous comme les classes «prépa-seconde». Elle déclarait aussi prévoir d’annoncer «dans les prochains jours» le «premier programme d’éducation à la sexualité et à la vie affective», de l’école au lycée.

Concernant la réforme du brevet, la ministre de l’Education s’est montrée moins sûre d’elle, reconnaissant que le projet dépendra des résultats du scrutin législatif. Le premier tour passé, le mirage d’un gouvernement 100 % macroniste semble s’être évaporé. La probable nomination d’un nouveau Premier ministre et d’un gouvernement d’opposition pourrait couler définitivement la réforme. «Tout dépendra de la composition du futur gouvernement», affirme dans Ouest-France Layla Ben Chikh, responsable syndical au Snpden-Unsa. La situation plonge les enseignants et leurs représentants dans l’incertitude : «nous appliquerons cette réforme a minima», reconnaît-elle.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat SE-Unsa, cité par le Huffington Post, «tout est très incertain en raison du contexte politique», et «rien n’est encore gravé dans le marbre». Concernant les cours d’empathie, supposés devoir être généralisés à l’école, il n’y a «pas de nouvelle», souligne aussi Guislaine David, du Snuipp-FSU. «On attend la circulaire de rentrée.»