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«Ça m’a dégoûtée du métier» : des apprentis racontent leur rupture de contrat

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Pour certains jeunes, l’arrivée en entreprise est source de désillusions voire d’expériences traumatisantes. Un quart des élèves en CAP ou bac professionnel mettent un terme à leur apprentissage au bout d’un an.
65 % des apprentis qui ne vont pas au bout de leur contrat mettent en cause «un problème avec l’employeur ou le poste occupé». (Pablo Porlan/Hans Lucas. AFP)
par Pierre Petitcolin
publié le 14 mars 2025 à 18h29

«Dès la troisième semaine, j’ai compris que ça n’allait pas le faire. On ne m’apprenait rien, je ne faisais que balayer.» Noam garde un souvenir amer de son contrat d’apprentissage commencé en septembre 2023 dans une entreprise de câblage. Sa première expérience professionnelle. En parallèle, l’adolescent alors âgé de 16 ans entame sa deuxième année de bac pro Melec (Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés) dans son lycée des Yvelines, «pour devenir électricien». «On me manquait beaucoup de respect. Cela venait de mes supérieurs, des chefs d’ateliers, des autres employés. Tous des adultes», déballe-t-il, insistant sur le manque de respect qu’il a subi : «J’allais ramasser les mégots des employés, alors que je ne suis pas fumeur. J’entendais des propos limites, que “ma mère aurait dû m’avaler” par exemple.» Le harcèlement ne s’arrête pas là : «A l’atelier, on nous jetait des vis, des boulons.» Certains de ses collègues «faisaient des pénis en scotch de peintre et nous les jetaient dessus».

Après des mois passés dans ce climat, Noam arrête de se rendre au travail : «Je me sentais mal à l’aise, je préférais rester chez moi.» Il cherche du soutien du côté de son lycée. «Certains profs m’ont dit que j’abusais, d’autres qu’ils comprenaient. J’en ai parlé avec le responsable de l’apprentissage, et il m’a clairement dit de partir le plus vite possible.» L’apprenti conclut finalement une rupture conventionnelle avec