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Jeunesse

Comment relancer les colonies de vacances, ce rite de brassage menacé ?

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Lieux d’apprentissage et de mixité par excellence, les centres municipaux accueillent de moins en moins de jeunes, la faute à des coûts trop élevés et à une politique sociale insuffisante. Alors que la gauche se ressaisit du «droit aux vacances» pour tous, le gouvernement a annoncé la mise en place en 2024 d’un «pass colo» pour les élèves de CM2.
Des jeunes de Trappes s’installent pour leur séjour au château de Ham (Somme), le 11 juillet. (Pauline Gauer/Libération)
publié le 27 juillet 2023 à 19h47

«On avait un trésor qui s’appelait l’éducation populaire, et on l’a détruit pour des raisons budgétaires. Mais combien ça coûte une nuit d’émeutes ?» Brahim Chikhi, ancien animateur de 48 ans, ne peut s’empêcher de voir dans les violences qui ont secoué le pays fin juin une conséquence directe du dépérissement des colonies de vacances. Depuis leur création en 1880, en même temps que les grandes lois sur l’école publique et laïque, autour de 60 millions d’enfants ont pu connaître le bonheur de courir après des papillons, chanter autour d’un feu de camp ou pêcher dans un étang. «Les colos de vacances, c’était les grands départs populaires, raconte le sociologue Jean Viard. Les mairies avaient un nombre massif de centres qui sont aujourd’hui en ruines. C’était plutôt des mairies de gauche, notamment communistes, qui achetaient des châteaux dont on savait plus quoi faire après la guerre, pour les transformer en centres.»

En 1960, 4 millions d’enfants partaient chaque année, entre pairs et sans les parents : ils n’étaient plus que 1,4 million en 2021. Un rapport du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse, intitulé «Les colos, un enjeu éducatif pour tous», faisait le constat, parmi les publics concernés, d’une «disparition des enfants de la classe m