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Libération
Décryptage

Covid-19 : pourrait-on purifier l’air des écoles ?

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Alors que Macron a annoncé mercredi le passage en distanciel des cours puis des vacances nationales de deux semaines, chercheurs, élus, associations de professeurs et parents d’élèves s’interrogent sur la mise en place de dispositifs de purification de l’air pour éviter les contaminations au retour en classe.
L’ouverture régulière des fenêtres des salles de classe reste la solution privilégiée. (Franck Fife /AFP)
publié le 1er avril 2021 à 11h45

Comment contenir la propagation du virus dans les salles de classe et les réfectoires, et ainsi éviter la hausse des contaminations comme observées ces dernières semaines ? Parmi les options sur la table, un dispositif est évoqué, envisagé, débattu depuis la rentrée 2020 : l’utilisation des purificateurs d’air. Ces appareils, utilisés en laboratoire médical ou sur les chantiers, peuvent retenir des particules aériennes de tailles variables via un système de filtration. Dans le cas du Covid-19, une étude commandée fin 2020 par la région Auvergne Rhône-Alpes au laboratoire lyonnais Virpath a conclu, le 15 mars, à l’efficacité à près de 99 % de deux types de filtres haute rétention sur le virus. Au bout de quarante-huit heures, les particules sont éliminées, permettant une manipulation des filtres sans danger. Une étude «prometteuse», selon la région, qui laisse fonctionner en journée les dispositifs dans les salles de classe ou dans les réfectoires avant un nettoyage le week-end.

Taux de dioxyde de carbone

Faute d’investissement massif pour l’achat de purificateurs et d’études comparées avec l’efficacité de l’aération naturelle, l’ouverture régulière des fenêtres des salles de classe reste la solution privilégiée. C’est ce que dit également la Direction générale de la santé, qui estime que ces dispositifs «ne sauraient se substituer aux mesures barrières et à l’aération régulière des locaux». A Paris, la FCPE préconise donc plutôt l’installation de capteurs afin de déterminer quand il est nécessaire d’aérer lorsque le taux de CO2 est trop élevé, afin de permettre une meilleure évacuation des particules. Moins onéreux que les purificateurs (ils coûtent en moyenne entre 50 et 300 euros), ces capteurs de gaz carbonique sont parfois installés à l’initiative du corps enseignant, et pourraient représenter «une solution alternative», d’après la FCPE. Pour autant, les représentants de la fédération ne sont pas «opposés à l’installation de purificateurs, lorsqu’il est impossible, et c’est souvent le cas, d’ouvrir correctement les fenêtres».

Les initiatives sont encore rares. A Paris, dans le IXe arrondissement, les écoles maternelles et primaires testent en ce moment le dispositif, qui sera évalué en avril. Plus au sud, la région Auvergne Rhône-Alpes fait figure de pionnière. 2 500 purificateurs y ont été déployés dans les lycées et écoles depuis la rentrée 2020. Dans la commune de Mornant (Rhône), qui compte 5 600 habitants, le maire, Renaud Pfeffer (LR) a fait installer 7 purificateurs dans les réfectoires des deux écoles. A 1 500 euros le purificateur, l’édile ne «regrette pas l’investissement» et estime que «l’efficacité de ces dispositifs est notable. Aucun cas de Covid n’est à signaler parmi nos 600 élèves». Avec l’aide de la région, qui finance les 7 purificateurs à hauteur de 5 400 euros, le maire envisage de faire installer des dispositifs dans chacune des classes dans les mois à venir.

«Pas nécessaire lorsque les pièces peuvent être ventilées par des fenêtres»

En Auvergne Rhône-Alpes, on dit s’inspirer de ce qui se fait en Allemagne. Le sujet y a en effet été largement discuté à l’automne dernier. Si la pratique est loin d’être généralisée (d’autant que l’éducation est une prérogative des Länder, avec des budgets très variables), certaines régions en ont fait l’acquisition – la Bavière, la ville-Etat de Berlin ou la Thuringe. Outre-Rhin, plusieurs études ont été réalisées sur le sujet. Il apparaît notamment que «l’utilisation de ces dispositifs n’est pas nécessaire lorsque les pièces peuvent être ventilées par des fenêtres. Mais dans les pièces qui, par exemple, ne disposent pas de fenêtres pouvant être ouvertes complètement, l’utilisation de ces dispositifs pourrait être utile comme mesure d’accompagnement».