Et un de plus ! Après l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, l’ex-premier ministre Edouard Philippe ou Olivier Véran, c’est au tour de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, d’être visé par une plainte devant la Cour de justice de la République (CJR) pour sa gestion de la crise sanitaire. La haute cour est en effet la seule juridiction compétente pour juger des actes commis par les ministres dans l’exercice de leurs fonctions. Or, face à ce qu’ils dénoncent comme un «déni total de la réalité» de la hausse des contaminations dans les établissements scolaires, des enseignants et personnels de l’éducation ont décidé d’ester en justice.
Membres du collectif des Stylos rouges, né en décembre 2018 dans le sillage de la crise des gilets jaunes, ces profs reprochent à leur ministre de «ne pas protéger les personnels en contact avec les enfants» qui «répandent le virus» du Covid-19. Jean-Michel Blanquer «nous a dit qu’on n’était plus en danger à la maison qu’à l’école, qu’il n’y avait pas de cas dans les écoles, a minoré les chiffres… Alors que les établissements scolaires explosent», déplore mardi auprès de l’AFP Nicolas Glière, porte-parole des plaignants pour «mise en danger de la vie d’autrui».
«Les écoles sont des clusters»
Ce professeur de français dans un collège parisien accuse par ailleurs le ministre de l’Education d’avoir ignoré les alertes des enseignants sur les contaminations dans les établissements. «On n’a pas été entendu, on est mis en danger, des gens sont tombés gravement malades, rien n’a été fait : la plainte est une nécessité», poursuit Nicolas Glière qui, au nom des milliers de Stylos rouges revendiqués, exige pour une durée de quelques semaines la fermeture des écoles, collèges et lycées dans la vingtaine de départements les plus touchés et donc soumis depuis le 20 mars à des «mesures de freinage» de l’épidémie.
Depuis lundi, en vertu du nouveau protocole sanitaire dans ces territoires (Paris, la Seine-Saint-Denis, le Rhône ou l’Aube), un seul cas de Covid dans une classe entraîne désormais sa fermeture, contre trois cas auparavant. Ce qui oblige les parents d’élèves à s’en remettre à la débrouille. «Les enfants répandent le virus et les écoles sont des clusters, c’est acté. On aurait voulu que les écoles ne ferment pas, mais maintenant on n’a pas le choix», martèle l’enseignant francilien. Ailleurs, il réclame le passage en demi-groupes ailleurs pour protéger personnels d’éducation et familles.