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Petite enfance

Crèches privées : la gestion du groupe La Maison bleue épinglée pour des «manquements fréquents»

Après d’importantes investigations, l’inspection générale des affaires sociales (Igas) pointe dans un rapport publié ce lundi 16 juin des pratiques qui pourraient, pour certaines «relever du champ pénal».
Une enseigne La Maison Bleue en septembre 2024 à Paris. (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 16 juin 2025 à 21h12

Défaillances en matière de qualité d’accueil, fausses déclarations, anomalies financières, refus de coopérer : l’inspection générale des affaires sociales (Igas) épingle dans un rapport publié lundi 16 juin la gestion du groupe de crèches privées la Maison bleue. Le groupe, qui a fait l’objet d’investigations de mars à décembre 2024, a refusé de transmettre certains éléments et documents à la mission, indique l’Igas dans son rapport d’une centaine de pages. Mais les éléments recueillis et analysés «suffisent à démontrer d’importantes carences dans la gestion financière et comptable du groupe».

L’inspection pointe du doigt des «pratiques, parfois intentionnelles, de transmission d’informations erronées à l’administration (communes, CAF) ayant systématiquement pour objet de maximiser les versements de fonds publics». Certains constats «pourraient relever du champ pénal, notamment l’opération d’externalisation de l’immobilier du groupe ainsi que la perception de PSU [prestation de service unique, ndlr] par des établissements ayant déclaré avoir cessé leur activité», ajoute l’Igas.

«Risque d’épuisement»

S’agissant de la qualité de l’accueil, le rapport évoque des «manquements fréquents» au respect des règles d’encadrement et de qualification en crèche, carences relevées «dans 49 % des rapports de visite réalisés par les services de la protection maternelle et infantile (PMI) en 2023».

La mission, qui précise s’être rendue dans 17 crèches au cours de son enquête, estime que «la qualité de l’accueil dans les crèches repose sur un niveau d’engagement élevé des professionnels, qui vise à compenser, sans y parvenir systématiquement et au risque de l’épuisement, les difficultés liées à l’optimisation des ressources humaines». Sollicitée par l’AFP, la Maison bleue n’était pas joignable dans l’immédiat.

Fondé en 2004 en Ile-de-France, le groupe revendique l’accueil de 20 000 enfants au sein de son réseau de 600 crèches, qui s’appuie sur 6 000 collaborateurs et fait état d’un chiffre d’affaires annuel d’environ 300 millions d’euros. L’image du secteur des crèches privées — dominé par Babilou, Grandir (les Petits Chaperons rouges), People & Baby et La Maison bleue — a été passablement ébranlée par la mort d’une fillette de 11 mois dans une crèche People & Baby à Lyon en juin 2022.

Ce drame avait conduit le gouvernement de l’époque à saisir l’Igas pour analyser le secteur. Publié en avril 2023, le rapport de l’inspection décrivait une qualité d’accueil «très disparate» et appelait à de profondes réformes. Quelques mois plus tard, deux livres-enquêtes (le prix du berceau et Babyzness) avaient enfoncé le clou, en jetant une lumière crue sur le mode de fonctionnement de certaines structures privées à but lucratif.