Menu
Libération
Absences

Crise du non-remplacement des profs : «Les enfants sont dispatchés dans d’autres classes qui ne suivent pas du tout le bon programme»

Article réservé aux abonnés
Point de crispation majeur de la gronde actuelle du corps enseignant et des parents d’élèves dans le 93 : le manque d’enseignants remplaçants. Si cette problématique s’illustre partout à l’échelle nationale, certains établissements de Seine-Saint-Denis tutoient les sommets du délabrement de l’école publique.
Manifestation à Nantes de l'intersyndicale enseignante sur la détérioration des conditions d'enseignement, en 2022. (Estelle Ruiz/Hans Lucas. AFP)
par Léo Thiery
publié le 13 mars 2024 à 16h24

25 % du temps d’enseignement non dispensé. A l’école Maryse-Bastié de Romainville, les parents de la classe de grande section de maternelle n’en peuvent plus. Mise en retrait de sa classe sur fond de burn-out, l’enseignante qui effectuait là sa première année de carrière n’est plus en mesure d’assurer son poste depuis maintenant six semaines. Depuis, chaque matin, c’est la même rengaine pour les parents. Une fois devant la grille, le couperet tombe, pas un prof à l’horizon pour faire classe. Sur vingt-deux jours d’absence, seuls quatre ont partiellement été assurés par des remplaçants contractuels, selon un planning d’absences que Libération a pu consulter.

Un dilemme cornélien s’ensuit : laisser son enfant à l’école ou le garder à la maison, quand c’est possible. Le laisser à l’école ? Une solution de dépannage qui n’en est pas vraiment une pour les parents. «Les enfants sont dispatchés dans d’autres classes qui ne suivent pas du tout le bon programme, explique Marie, mère d’une élève de la classe. Ma fille se retrouve parfois à revoir l’alphabet avec les moyennes sections, d’autres se retrouvent carrément à faire du coloriage en petite section.»

Un climat anxiogène pour les enfants

Marie dénonce un climat anxiogène qui règne pour tout le monde, mais surtout pour les enfants : «Les élèves pleurent le matin avant d’aller à l’école, car ils n’ont pas de maîtresse et sont baladés à droite à gauche quotidiennement.» Des lacunes administratives et politiques qui débouchent sur des situatio