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Reportage

«Dans le public aussi, on veut des navettes !» Dans l’Essonne, un ramassage scolaire accusé d’alimenter la ségrégation au profit du privé

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L'enseignement public-privé en débatdossier
A Massy, les élèves d’une institution catholique voisine bénéficient d’un réseau de bus payé par le contribuable. Les enfants inscrits dans le public, eux, doivent se contenter des lignes régulières ou de la marche. Une situation qui renforce encore l’inégalité sociale, dénoncée par des familles et des élus locaux.
Le ramassage scolaire de l'arrêt Victor-Basch, à Massy (Essonne). (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 15 juin 2024 à 9h15

La scène paraît presque incongrue pour un habitant de la région parisienne : le car est parfaitement à l’heure. Nous sommes le 28 mai à Massy (Essonne) et, à 7 h 58 tapantes, le véhicule blanc conduit par un chauffeur en costume et chemise s’arrête devant le gymnase d’un quartier huppé de la ville, Atlantis. Une vingtaine d’enfants embarquent. Se rendent-ils dans une école ou un collège public de Massy ? Non, ce bus est l’une des six navettes scolaires qui, du lundi au vendredi, fait l’aller-retour entre la ville de 50 000 habitants et l’institution Saint-Martin, basée dans la commune limitrophe de Palaiseau. Pas moins de 337 collégiens et 45 élèves de primaire, dont la majorité viennent de Massy, y montent chaque jour pour se rendre dans cet établissement scolaire catholique sous contrat. Sur l’arrêt de bus implanté devant les portes d’entrée, le visage de l’acteur Robert Pattinson s’affiche pour la publicité d’un parfum de luxe. Le slogan : «La force des origines».

Ces trajets se font grâce à des fonds publics : les six circuits spéciaux scolaires (CSS) sont gérés et financés par Ile-de-France Mobilités, l’établissement qui gère les transports dans la région. Les élèves des établissements publics de Massy, eux, doivent se contenter des lignes de bus régulières ou… marcher. La situation est légale : l’institution Saint-Martin étant sous contrat d’association avec l’Etat, ses élèves doivent pouvoir bénéficier, à l’image des jeunes scolarisés dans le public, d’un transp