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Reportage

Inclusion de tous les élèves dans les écoles d’Eure-et-Loir : c’est pas les «bisounours» mais ça marche

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Le handicap au quotidiendossier
Le département s’est délesté de ses instituts médico-éducatifs au profit d’une collaboration entre enseignants et éducateurs spécialisés. Permettant ainsi à des élèves ayant un handicap intellectuel de rester dans leur école de secteur.
«Il a fallu trois mois pour qu’elle s’adapte», explique Christice Pereira, l’accompagnante de Fanny en CM1 à l’école Jean-Moulin, les Villages-Vovéens (Eure-et-Loir), le 15 avril. (Christophe Maout/Libération)
publié le 31 mai 2024 à 7h43

«Vous allez écrire sur votre ardoise : les récoltes ont été mauvaises.» Au premier étage de l’école Jean-Moulin des Villages-Vovéens (Eure-et-Loir), les élèves de Solène Palat saisissent un feutre et bleuissent leur ardoise. Pas Fanny. «Une récolte», «mauvais», «pauvre», «un privilège»… Assise au premier rang, la petite fille blonde aux lunettes roses découpe des mots et les colle à côté des images correspondantes, avant de les recopier au stylo, aidée par Christice Pereira, son accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH). L’exercice terminé, elle dépose la feuille sur le bureau de la maîtresse.

Solène Palat interrompt un échange sur les privilèges avec le reste de la classe de CE2 /CM1 pour corriger immédiatement l’exercice, féliciter Fanny, et reprend le fil de son cours. Christice Pereira parcourt alors les pictogrammes plastifiés accrochés à l’emploi du temps de Fanny et lui désigne l’image «attendre». Dans la salle lumineuse donnant sur les champs de colza et d’éoliennes, la petite fille ouvre une boîte de pâte à modeler rose fluo et patiente, pendant que le cours se poursuit. Régulièrement, elle tourne le dos à son AESH et observe ses camarades, en silence.

«Certains sont hyper partants, d’autres beaucoup moins»

Fanny est autiste, non verbale, et bénéficie d’adaptations pour pouvoir suivre les mêmes cours que ses camarades, mais ajustés à sa déficience intellectuelle et à son comportement. En Eure-et-Loir, les instituts médico-éducatifs (IME) ont disparu en 2018 : tous ces établissements spécialisés ont été t