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Libération
Reportage

Dans un lycée de Libourne visé par des menaces racistes : «C’est terrifiant et très dur psychologiquement»

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Après avoir fait valoir leur droit de retrait en raison d’une lettre menaçant de mort une professeure et les élèves d’origine arabe, les professeurs du lycée Jean-Monnet ont repris le chemin des salles de classe, lundi 11 décembre. Selon eux, l’affaire n’a pas été prise au sérieux par l’administration.
Après la découverte de la lettre de menaces, le corps enseignant fait bloc pour continuer à médiatiser l’affaire et «créer une prise de conscience». (Photo /SUD-OUEST.MAXPPP)
par Eva Fonteneau, envoyée spéciale à Libourne (Gironde)
publié le 12 décembre 2023 à 10h09

A l’heure de la récréation, un petit groupe de six professeurs apparaît le visage fermé devant l’entrée du lycée polyvalent Jean-Monnet, à Libourne, en Gironde. Quelques heures plus tôt, lundi 11 décembre 2023, ils ont repris le chemin des salles de classe à reculons, après une semaine d’arrêt quasi complet, encore «sous le choc» après la découverte d’une lettre anonyme ouvertement raciste, menaçant de mort une professeure et les élèves d’origine «arabe». Dans le document manuscrit, trouvé plié au pied d’un ascenseur du lycée, puis remis à la CPE, l’auteur annonçait vouloir, de manière imminente, «égorger» l’enseignante «comme un cochon», ainsi que «tous les bougnoules» du lycée. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. «Quand on l’a appris, ça a été terrible. La collègue visée s’est évidemment effondrée, elle était sidérée. Elle est en arrêt au moins jusqu’aux vacances de Noël. Comment revenir en classe après ça ? Un lien humain s’est cassé ce jour-là», rembobine Sophie, enseignante en lettres-histoire.

Dans la foulée, la direction et l’enseignante visée ont déposé une plainte, l’enquête a été confiée à la gendarmerie de Libourne. Une équipe mobile de sécurité a également été dépêchée sur place pour vérifier chaque matin, sans fouiller, tous les sacs des élèves. «Insuffisant» pour une grande partie des professeurs qui ont choisi d’exercer leur droit de retrait, jusqu’au vendredi 8 décembre, estimant que «les