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Libération
Après le dévoilement du rapport

Dérives à l’école Stanislas : Amélie Oudéa-Castéra évoque un plan d’action, des élus de gauche saisissent la justice

La ministre de l’Education nationale, sous le feu des critiques depuis sa nomination, tente de réagir ce mercredi 17 janvier en annonçant des mesures sur France 2 à l’encontre de l’école privée, très réac, où sont scolarisés ses enfants.
Paris, le 15 janvier 2024. Devant l'entrée du collège Stanislas, dans le VIe arrondissement. (Denis Allard/Libération)
publié le 17 janvier 2024 à 10h36
(mis à jour le 17 janvier 2024 à 14h56)

Dans le sillage de la polémique, voilà le «plan d’action». Après la publication d’un rapport dénonçant des «dérives» homophobes et sexistes dans l’école privée catholique Stanislas à Paris, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre de l’Education nationale, dont les enfants y sont scolarisés, a décidé ce mercredi 17 janvier d’agir.

«Ce rapport a été commandé en février 2023, et bouclé début août 2023. Et aussitôt Gabriel Attal [alors ministre de l’Education nationale, ndlr] a demandé au rectorat et à l’inspection générale de suivre un plan d’action qui fait presque 15 mesures, a déclaré Amélie Oudéa-Castéra sur France 2. Ce plan d’action sera suivi avec toute la rigueur nécessaire.»

«Je précise que ce rapport ne remonte aucun fait d’homophobie, ni aucun cas de harcèlement. Le seul cas d’homophobie a fait l’objet d’un signalement au procureur via la procédure de l’article 40», a souligné la ministre, au cœur d’une polémique depuis vendredi, lorsqu’elle a expliqué le transfert de son fils aîné de l’école maternelle publique Littré à l’école Stanislas, il y a quinze ans, par «des paquets d’heures pas sérieusement remplacées» dans le public.

Promotion des thérapies de conversion

Dévoilé mardi par Mediapart, le rapport sur Stanislas fait état de situations problématiques dans ce prestigieux établissement privé sous contrat du VIe arrondissement de Paris, qui accueille 3 500 élèves de la maternelle aux classes préparatoires. Le rapport relève notamment «des dérives dans l’application du contrat d’association» de l’établissement avec l’Etat, comme l’obligation de suivre des cours de catéchisme, ce qui est contraire à la loi, pour les établissements – même catholiques – sous contrat.

«Dérives» également dans la teneur de ces cours, selon le rapport : des intervenants auraient tenu des propos homophobes, anti-avortement ou fait la promotion des thérapies de conversion, et des catéchistes expriment «des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l’Eglise catholique, par exemple sur l’IVG» ou «susceptibles d’être qualifiées pénalement sur l’homosexualité».

La ministre déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé, a estimé, elle, que «la seule nécessité aujourd’hui est que cet établissement se conforme à ses obligations». «Je n’accepterai jamais que des établissements scolaires, que des services publics, puissent être des lieux d’accueil de paroles homophobes, de paroles dégradantes pour nos enfants», a-t-elle ajouté sur Sud Radio mercredi.

«Déconventionnement du lycée»

A gauche, la révélation du rapport par Médiapart n’a pas manqué de faire réagir. Les deux sénateurs communistes Ian Brossat et Pierre Ouzoulias ont annoncé ce mercredi dans un communiqué avoir effectué un signalement auprès du procureur de Paris. Ils saisissent également «par voie d’avocat le préfet de Paris pour demander le déconventionnement du lycée» et annoncent que l’association SOS Homophobie «témoignera dans cette procédure».

L’Enseignement catholique de Paris a réagi ce mercredi après-midi au rapport d’enquête administrative sur Stanislas, dont il assure que l’établissement «occupe une place particulière au sein de l’offre éducative de l’Enseignement catholique à Paris», qui «répond bien à la demande des familles». «Le travail de la mission d’enquête doit faire l’objet de nouvelles séances de travail à Stanislas, qui reste ouvert à la critique», fait savoir la direction diocésaine dans un communiqué transmis mercredi.

L’organisation assure ensuite qu’«à l’exception d’un seul cas, qui a été traité par la direction en mettant fin aux fonctions de la personne concernée, il n’a pas été fait état de sanctions possibles dans nos échanges avec l’administration ou d’irrégularité grave qui mettrait l’établissement en contradiction avec ses obligations de manière générale comme l’ont suggéré certains médias.»

Mis à jour : à 15h53, avec le communiqué de l’Enseignement catholique de Paris.