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Polémique

«Des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées» : la plainte pour diffamation contre Amélie Oudéa-Castéra classée sans suite

L'enseignement public-privé en débatdossier
Visée par une plainte pour ses propos envers l’école publique, Amélie Oudéa-Castéra s’en sort avec un classement sans suite. Et peut désormais tourner la page d’un mois chargé de polémiques.
Amélie Oudéa-Castéra, alors ministre de l'Education nationale, devant l'école primaire Littré, le 16 janvier 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 15 février 2024 à 18h23

La boucle est bouclée. La plainte d’un syndicat d’enseignants contre l’éphémère ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, a été classée sans suite mardi, a annoncé ce jeudi 15 février le procureur général près la Cour de cassation. Tout a commencé le vendredi 12 janvier. Vingt-quatre heures à peine après sa nomination dans son nouveau ministère regroupant l’Education nationale, les Sports et les Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, en visite au collège de Saint-Exupéry d’Andrésy, prononce ces quelques mots, qui l’expédieront dans une boucle sans fin de polémique : ses enfants sont scolarisés dans le privé, à l’école Stanislas car elle «en a eu marre» «des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées» dans le public.

Dix jours plus tard, le syndicat national des agents publics de l’Education nationale (Snapen) porte plainte pour «diffamation publique envers un corps». Les propos ont scandalisé élus et enseignants du public, qui, en plus de s’être révélés faux selon une ancienne institutrice interrogée par Libération, ne redoraient pas l’image de l’école publique. Amélie Oudéa-Castéra peut désormais souffler : la décision de classer la plainte se fonde «sur le fait qu’aucun des propos incriminés ne vise ce syndicat, alors que les dispositions […] de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, relatives à la diffamation, n’ont pas pour objet la protection d’une profession prise dans son ensemble, et qu’elles impliquent une atteinte à une personne physique ou morale déterminée», précise le procureur général.

Aucun recours possible

«Il ne fait pour nous aucun doute que les propos étaient diffamatoires et qu’ils rejaillissaient sur l’ensemble de la profession. Il est impensable qu’ils restent impunis, encore moins devant l’indignation générale provoquée», a réagi de son côté l’avocat du syndicat, Me Vincent Brengarth. Cette plainte visait «à sanctionner ces propos qui touchent la réputation des agents en décrédibilisant l’enseignement public et, plus généralement, à imposer le respect dû par les plus hautes administrations à ces derniers», avait commenté Gérard Lenfant, président du Snapen. Aucun recours n’est possible, précise le procureur général.

Empêtrée dans les révélations et polémiques en série, et après seulement 28 jours au ministère de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castera a fini par perdre ce portefeuille lors du dernier remaniement le 8 février mais reste ministre des Sports et des Jeux Olympiques, fonction qu’elle occupe depuis mai 2022. Les enseignants réclamaient son départ, estimant qu’elle avait perdu toute crédibilité, notamment lors de grèves au début du mois de février. Nicole Belloubet, ancienne Garde des Sceaux sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, a pris le relais du ministère dans la foulée. Avec la lourde tâche de recoller les morceaux.