«Pourquoi vous êtes là ? Allez-y, prenez la parole de manière libre, vous êtes pas à l’école. Jahid, pourquoi t’es venu ? Dylan vous a menacés ?» Dans l’élégante petite pièce grise des hauteurs du Philanthro-Lab, une ancienne faculté de médecine parisienne reconvertie en temple de la philanthropie, Ismaël Meite chambre son petit auditoire. «C’est pour notre avenir», répond Jahid Daville. «C’est une pression que tu me mets. Mais je vais tout faire pour», réplique Ismaël. Dès ses premiers mots, le jeune homme élégant et assuré, formateur en service civique à l’association Graine d’orateur 93, a su concentrer l’attention sur lui. Le ton enjoué, le corps engagé, il accroche chaque regard un à un.

Face à lui, assis autour d’une longue table ovale : sept ados. Les six élèves de seconde professionnelle du lycée Maryse-Condé de Sarcelles (Val-d’Oise) embarqués dans l’expérimentation «Du bac pro à l’enseignement supérieur» menée par l’association Une voie pour tous et Sciences-Po Paris, que Libération a décidé de suivre au long cours, et un de leurs potes, venu par curiosité. Depuis janvier, ces adolescents, triés sur le volet au sein de leur établissement, font des heures sup. Des ateliers, des sorties et des rencontres, le soir et le week-end, pour élargir leurs ho